La «période de grâce» accordée au fabricant de produits de salle de bains Maax par ses créanciers prend fin aujourd'hui (mercredi).

La «période de grâce» accordée au fabricant de produits de salle de bains Maax par ses créanciers prend fin aujourd'hui (mercredi).

L'entreprise était toujours en pourparlers avec ses prêteurs mardi pour arriver à un plan de restructuration de sa dette, a indiqué la porte-parole, Stéphanie Jarrold. Maax pourrait faire une annonce aujourd'hui (mercredi).

«Ils sont en très mauvaise posture», a indiqué à La Presse Affaires un analyste new-yorkais qui a requis l'anonymat.

Les problèmes de Maax sont nombreux. La société beauceronne, rachetée par un groupe d'investisseurs privés en 2004, doit environ 510 M$ à ses divers créanciers.

Sa dette est en constante expansion: elle a enflé de plus de 9 M$ seulement pendant le troisième trimestre.

Le chiffre d'affaires suit une tendance inverse. Les ventes ont glissé de 13% depuis le début de l'année financière. La crise immobilière qui frappe les États-Unis -où Maax vend les deux tiers de sa production- a fait chuter la demande pour les bains, spas et autres articles du genre.

Des remous

Maax a créé des remous à la mi-décembre en annonçant son incapacité de payer les intérêts de 7,3 M$ dus sur un prêt de 150 M$.

Pour éviter d'être déclarée en défaut de paiement, l'entreprise a conclu quelques semaines plus tard une «convention de tolérance» avec ses créanciers de premier rang, Brookfield Bridge Lending Fund et la Banque HSBC Canada.

Maax a depuis payé les intérêts qu'elle devait, mais la restructuration de sa dette n'est pas terminée, a souligné la porte-parole.

Les dirigeants du groupe ont enfilé les rencontres avec leurs créanciers au cours des derniers jours pour tenter de trouver une solution de dernière heure.

Denis Aubin, vice-président à la direction et chef des services financiers, était encore en pourparlers hier après-midi et n'a pu s'entretenir avec La Presse Affaires.

Selon un communiqué récent, la convention de tolérance devait permettre à Maax «de continuer à explorer toutes les alternatives et solutions reliées à la restructuration des obligations de sa dette existante».

Le délai accordé par les créanciers a permis à Maax de poursuivre normalement ses activités au cours des dernières semaines.

Loin d'être seul

Le manufacturier québécois est loin d'être le seul à souffrir de la déconfiture du marché immobilier américain, rappelle l'analyste Kevin Hibbert, de Standard&Poor's, joint à Toronto.

Les entreprises qui visent spécifiquement le secteur résidentiel -comme Maax- sont plus touchées que celles qui aussi actives dans le commercial, a-t-il souligné.

«On construit encore des immeubles de bureaux, des routes et des infrastructures, donc on a encore besoin de ciment, d'agrégat et de plusieurs produits.»

Selon M. Hibbert, la lourde dette de Maax constitue un handicap majeur, qui lui enlève beaucoup de flexibilité. Le groupe souffre aussi de la flambée des prix du pétrole, sa matière première, et de la hausse du huard par rapport au dollar américain, qui défavorise les exportations.

Maax a déjà fermé plusieurs usines et licencié des centaines d'employés pour tenter de réduire ses coûts. Le groupe compte aujourd'hui 16 usines et centres de distribution en Amérique du Nord et en Europe.

Les ventes de Maax ont atteint 104,2 millions US pendant le troisième trimestre (terminé le 30 novembre), en baisse de 8% par rapport à l'année précédente. La perte d'exploitation s'est élevée à 2,8 millions, comparativement à un profit de 1 million un an plus tôt.

Le flux de trésorerie disponible était de 1,3 million de dollars pendant le troisième trimestre, une baisse de 93% par rapport aux 17,8 millions enregistrés l'année précédente.

Le capital de Maax a été fermé après son rachat en 2004, mais l'entreprise continue de divulguer ses résultats financiers puisque sa dette est publique.

Le fonds américain J. W. Childs Associate, qui détient 55% de Maax depuis son retrait de la Bourse, pourrait perdre le contrôle de l'entreprise au terme de la restructuration. Steven G. Segal, responsable de ce dossier chez J. W., n'a pas rappelé La Presse Affaires mardi.