Après une période difficile, marquée par le départ de professionnels d'expérience, la filiale boursière du Mouvement Desjardins retrouve son aplomb, selon son président. Un autre départ est quand même survenu récemment.

Après une période difficile, marquée par le départ de professionnels d'expérience, la filiale boursière du Mouvement Desjardins retrouve son aplomb, selon son président. Un autre départ est quand même survenu récemment.

«Nous avons perdu des individus lors des premiers mois de l'année, mais la situation s'est stabilisée depuis. Nous reconstruisons dans les secteurs touchés", a indiqué Germain Carrière, président de Valeurs mobilières Desjardins (VMD), au cours d'un entretien avec La Presse Affaires.

Le récent départ remarqué chez VMD, c'est celui de Jean-François Desjardins, de l'équipe de financement corporatif aux bureaux de Montréal.

À partir de lundi, M. Desjardins assumera la vice-présidence, division banque d'investissement, aux bureaux montréalais de la firme Genuity Capital Markets, de Toronto.

Méconnue hors du milieu financier, Genuity est une firme à la réputation grandissante qui a été fondée par des ex-dirigeants de la filiale boursière de la Banque CIBC.

Mais chez VMD, le départ de M. Desjardins survient après ceux de quelques analystes spécialisés aux bureaux de la firme à Toronto et à Montréal.

Parmi eux, le vice-président et directeur de la recherche chez VMD à Montréal, Jon Reider. Il a été remplacé par deux codirecteurs désormais basés aux bureaux de Toronto de VMD.

Ces départs d'analystes ont même forcé VMD à interrompre la couverture d'entreprises québécoises connues, telles que Saputo, Couche-Tard et Gildan.

La Presse Affaires avait ébruité ces maux de la filiale boursière de Desjardins à la mi-mars.

Deux semaines plus tard, au lendemain de sa nomination, la nouvelle présidente du Mouvement Desjardins, Monique Leroux, avait admis être "préoccupée" par la situation de sa filiale boursière. Mais d'emblée, elle avait dit vouloir "renforcer" la place de VMD auprès des caisses pop, au lieu de "critiquer le passé".

Ce message de Mme Leroux a été interprété par Germain Carrière comme un encouragement.

«Elle croit à l'importance des valeurs mobilières chez Desjardins. Néanmoins, VMD doit encore maximiser le potentiel d'affaires de ses liens avec les caisses et leur vaste clientèle», a indiqué le président de VMD.

«La relation est meilleure qu'elle était, mais elle peut encore être améliorée.»

En ce sens, les récents résultats financiers mitigés de VMD, à l'inverse de ceux des caisses, ont pu alimenter la méfiance envers la filiale boursière.

Mais à propos de ces résultats déclinants -revenus moindres et perte de 7,6 millions de dollars depuis deux trimestres, comparativement à un bénéfice de 2,7 millions lors des deux précédents-, le président de VMD les qualifie de "convenables" par rapport à son secteur.

«Nous ne faisons pas pire que nos pairs. Mais nous ne pouvons guère faire mieux en raison de notre problème de masse critique (taille)», admet M. Carrière.

D'ailleurs, le président de VMD nie les rumeurs d'un retranchement hors du financement corporatif pour se concentrer sur la gestion de placements et le courtage boursier.

«Ce sont des rumeurs sans fondement, selon M. Carrière. En fait, tout le financement corporatif rétrécit ces temps-ci. Il n'y a presque plus d'émissions de titres hors des secteurs des mines et de l'exploration pétrolière et gazière.»

Malgré tout, chez VMD, «il n'y a pas de panique, ni de retranchement, mais une grande prudence», insiste son président.

Quant aux défis de VMD pour le recrutement et la rétention de financiers et d'analystes compétents, M. Carrière estime que la mouvance accrue de personnel provoquée par les effets de la crise du crédit pourrait s'avérer une bonne occasion.

«Il y a plus de professionnels intéressants et disponibles que rarement auparavant. Quant à la répartition de nos effectifs entre Toronto et Montréal, l'important pour nous, c'est d'avoir les compétences appropriées au bon endroit», a souligné le président de VMD.