Les promoteurs éoliens dont les projets ont été retenus par Hydro-Québec sont assurés de faire de l'argent, beaucoup d'argent.

Les promoteurs éoliens dont les projets ont été retenus par Hydro-Québec sont assurés de faire de l'argent, beaucoup d'argent.

Le taux de rendement attendu est supérieur à 10% par année pendant les 20 années du contrat qui les liera à la société d'État.

Pour Boralex et Gaz Métro, qui construiront deux des 15 futurs parcs éoliens, le rendement sur l'investissement se situera entre 10 et 15%, ont fait savoir hier leurs dirigeants lors d'une téléconférence avec les analystes financiers.

Même si le prix de l'électricité est beaucoup plus bas au Québec qu'en Europe, la rentabilité des projets québécois sera comparable à celle des parcs éoliens de Boralex en France, a indiqué Patrick Lemaire, président de Boralex.

Boralex et Gaz Métro investiront 800 millions de dollars pour installer 131 éoliennes d'une capacité de 2 et 2,3 mégawatts chacune sur le vaste territoire appartenant au Séminaire de Québec, dans l'arrière-pays de Charlevoix.

Au total, ces deux parcs fourniront 272 des 2000 mégawatts commandés par l'appel d'offres d'Hydro-Québec.

Les deux entreprises se sont associées au manufacturier de turbines allemand Enercon, dont les machines sont montées sur des mâts en béton plutôt qu'en acier, comme toutes les autres construites au Québec jusqu'à maintenant.

Le manufacturier allemand travaille avec Boralex en France depuis 2002 et c'est la raison pour laquelle les deux entreprises se sont associées à lui. Sa technologie est «la plus fiable et la plus efficace au monde actuellement», a assuré M. Lemaire.

Chez AAER, le fabricant d'éoliennes de Bromont dont aucun des projets n'a été retenu, on estime que la technologie d'Enercon n'est plus ce qui se fait de mieux.

«Ce n'est pas de la haute technologie», a commenté le président d'AAER, Dave Gagnon, lors d'un entretien téléphonique avec La Presse Affaires.

Un choc à Bromont

À Bromont, l'annonce des résultats de l'appel d'offres d'Hydro-Québec a causé tout un choc. «Nos ingénieurs avaient les larmes aux yeux», a fait savoir le président.

AAER était associé à sept soumissions avec différents promoteurs, dont deux, Skypower et TransCanada Energy, ont déjà des contrats éoliens avec Hydro. Est-ce que ça peut avoir nui à AAER?

«Je ne sais pas», avoue le président, qui s'explique mal que le seul manufacturier de turbines au Québec et au Canada n'ait pas eu sa chance dans une province qui veut créer une filière éolienne.

L'entreprise, qui emploie 80 personnes, prévoit que 92% des composantes de ses éoliennes seront fabriquées au Québec d'ici deux ans, soit une plus grande proportion que le 60% requis par l'appel d'offres.

Dave Gagnon assure tout de même qu'il tourne la page. «Quand j'ai fondé l'entreprise, j'ignorais qu'Hydro-Québec lancerait un appel d'offres», explique-t-il.

Le fait d'être absente du développement éolien au Québec a cependant déjà un coût pour l'entreprise. Son titre en Bourse a plongé à un bien mauvais moment, soit au milieu du processus d'une émission d'actions.

Mercredi, AAER a fait savoir que plutôt que d'émettre 6,25 millions d'actions à 1,20$, elle émettrait 15 millions d'actions à 50 cents l'unité.

Le produit de l'émission sera le même, soit 7,5 millions, mais le changement signifie une dilution importante pour les actionnaires.

Mercredi, le titre a encore perdu 14 cents, pour finir la journée à 45 cents. Lundi matin, avant la publication des résultats de l'appel d'offres, l'action valait 1,88$.