S-O-S Finance faisait miroiter des revenus d'intérêt de 30%, 40%, voire 400%! Elle attrapait les investisseurs sur les babillards électroniques. Elle expliquait sur son site internet ses stratégies d'investissement dans les paradis fiscaux... supposément un des secrets les mieux gardés des gens fortunés qui utiliseraient ce type d'opérations bancaires depuis des décennies.

S-O-S Finance faisait miroiter des revenus d'intérêt de 30%, 40%, voire 400%! Elle attrapait les investisseurs sur les babillards électroniques. Elle expliquait sur son site internet ses stratégies d'investissement dans les paradis fiscaux... supposément un des secrets les mieux gardés des gens fortunés qui utiliseraient ce type d'opérations bancaires depuis des décennies.

Rassurez-vous, l'Autorité des marchés financiers (AMF) a mis la main au collet des responsables de S-O-S Finance, il y a un mois.

Mais Internet demeure un véritable Far West des services financiers, un terreau fertile pour la fraude d'investissement qui fait de nombreuses victimes.

Deux Canadiens sur cinq se sont déjà fait proposer un placement frauduleux. Et un Canadien sur 20 est tombé dans le panneau, selon un sondage des Autorités canadiennes en valeurs mobilières.

On estime ainsi que plus d'un million de Canadiens ont été détroussés au moins une fois dans leur vie.

Sur Internet, les fraudeurs ont le beau jeu. Dans les forums de discussion, des investisseurs sans scrupules moussent des titres de petites entreprises inscrites en Bourse, sous des noms d'emprunt.

Dès que l'action décolle, ils peuvent vendre à profit les actions qu'ils détenaient au préalable. Le titre s'écroule et les investisseurs bernés se font laver. Avec le web, il n'a jamais été si simple d'appliquer cette vieille technique du «pump and dump».

Et il n'a jamais été si facile pour les escrocs d'attirer des victimes, grâce aux sites de petites annonces. En quelques clics, les promoteurs peuvent aussi développer leur propre site internet, donnant l'impression qu'ils sont aux commandes d'une entreprise solide.

Mais derrière cette vitrine, il n'y a rien. L'entreprise n'existe pas. Les individus n'ont aucun permis. Ils oeuvrent dans un no man's land réglementaire, en toute illégalité.

Les dirigeants des sites internet de petites annonces et de forums de discussion jouent un peu au shérif.

Par exemple, Kijiji.ca retire toutes les annonces suspectes dès qu'il en prend connaissance et collabore ensuite avec les autorités lorsqu'elles font enquête.

«Nous avons des systèmes en place pour surveiller et retirer les annonces. Chaque page comporte une zone où les membres de la communauté peuvent pointer des annonces suspectes», explique Cole Reiken, responsable de Kijiji Canada.

Sur les forums, les utilisateurs font aussi respecter la loi eux-mêmes, puisque les éditeurs des sites n'éditent pas les textes mis en ligne. Ils nomment plutôt des modérateurs, parmi les investisseurs qui fréquentent régulièrement le forum. Ce sont eux qui les informent des écarts de conduites.

«Si un individu essaie de faire grimper un titre à répétition, on va lui servir un avertissement ou même le bannir», explique François Pouliot, responsable de la bannière argent chez Quebecor, qui englobe le site argent.canoe.com.

Rien n'empêche l'individu de se réinscrire sous un autre pseudonyme. «Mais on veut augmenter les capacités de contrôle, afin de mieux encadrer les forums et limiter les récidives», affirme M. Pouliot.

L'AMF redouble aussi d'efforts. Elle a gonflé la taille de son équipe de surveillance des marchés qui scrute entre autres les forums financiers. Elle garde aussi à l'oeil tous les promoteurs qui agissent sans permis.

En 2006 et 2007, à la suite de poursuites pénales intentées par l'Autorité, près d'une trentaine de personnes ou sociétés ont été reconnues coupables de pratique illégale et condamnées à payer des amendes totales de près de 750 000$.

De plus, près d'une trentaine d'autres individus ou sociétés sont en attente d'un jugement à la suite d'accusation portées par l'Autorité qui réclame des amendes de près de 6 millions de dollars.

Malgré les interventions de l'AMF, le web contient encore de nombreuses offres de placements douteuses et de nouveaux investisseurs continuent de tomber dans le même genre de guet-apens.

D'où l'importance de mettre l'accent sur la prévention.