Oubliez les chaînes de montage des usines de Pékin. À 70 ans, Giuseppe Marinoni continue de peindre minutieusement les vélos qui sortent de sa petite boîte de Lachenaie, au nord de Montréal.

Oubliez les chaînes de montage des usines de Pékin. À 70 ans, Giuseppe Marinoni continue de peindre minutieusement les vélos qui sortent de sa petite boîte de Lachenaie, au nord de Montréal.

Quiconque s'intéresse un peu au vélo connaît le nom de cet ancien coureur d'origine italienne qui a donné à l'industrie québécoise ses lettres de noblesse. Fondé en 1971, Cycles Marinoni fabrique aujourd'hui 1000 bicyclettes par année. Prix de vente: quelque part entre 1600 et 10 000$.

"Notre production est limitée à ce qu'on est capable de faire, dit Paolo Marinoni, le fils de Giuseppe, qui dirige aujourd'hui l'entreprise. On a déjà de la misère à fournir le marché local", répond-il lorsqu'on l'interroge sur la possibilité de percer les marchés étrangers.

Cycles Marinoni n'est plus seul dans le créneau du vélo haut de gamme. Gervais Rioux, un autre ancien coureur cycliste, conçoit aussi à Montréal de petites bombes en carbone et en aluminium dont les prix peuvent atteindre ceux d'une petite voiture.

"On est des spécialistes. On ne fait qu'un produit de niche, et c'est du vélo de route haut de gamme. On reste fidèle à ce qu'on est", dit M. Rioux, qui vend maintenant ses produits dans 36 pays et vise une production de 9000 unités par année.

Guru, une autre entreprise québécoise qui mise sur la qualité, est aussi en pleine expansion internationale. "Quand on fait des vélos sur mesure haut de gamme comme les nôtres, on est naturellement limité à une certaine portion du marché - maximum 20%. C'est donc à nous d'aller trouver ce 20%, peu importe où il vit", dit Mario Rossi, directeur du marketing.

Belgique, Luxembourg, Pays-Bas, Afrique du Sud, Angleterre: la liste de nouveaux marchés grandit rapidement. Mais s'il y en a un que Guru veut conquérir par-dessus tout, c'est le sien.

"On veut rétablir un contact privilégié avec le marché québécois, dit M. Rossi, dont l'entreprise écoulait historiquement 70% de sa production aux États-Unis. Le marché présente de belles opportunités qui n'ont pas été maximisées dans le passé, et on n'a peut-être pas la présence qu'on devrait avoir sur les pistes cyclables de la province. On croit aujourd'hui qu'une marque forte, c'est une marque forte à la maison."

La situation est un peu inverse chez Cycles Devinci, du Lac-Saint-Jean, qui ne réalise que 10% de ses ventes à l'étranger. "On a des demandes de toutes sortes de pays, mais on veut d'abord s'assurer que le marché canadien soit bien couvert, dit Maxime Lamirande, directeur des ventes. Quand on sera maître chez nous, on deviendra maître en Europe."

L'entreprise dit avoir triplé ses ventes en cinq ans, et élargit de plus en plus sa gamme de produits. Historiquement axée vers le haut de gamme, Devinci construit de plus en plus de vélos abordables - cette année, son modèle le moins chers, le Milano, se détaillera à 429$.

"On répond aux besoins des détaillants et de leur clientèle, explique M. Lamirande. Le Milano n'était pas dans la gamme l'an passé. La question cette année, c'était: ou bien on le fait, ou bien on laisse les ventes à Norco, Giant ou Specialized."