Les gens du Centre d'intervention budgétaire et sociale (CIBES) de la Mauricie savaient déjà que les gens qui les consultent pour redresser leur situation financière vivent cette détresse. Mais une enquête menée auprès de 114 personnes au cours des trois dernières années vient confirmer le tout.

Les gens du Centre d'intervention budgétaire et sociale (CIBES) de la Mauricie savaient déjà que les gens qui les consultent pour redresser leur situation financière vivent cette détresse. Mais une enquête menée auprès de 114 personnes au cours des trois dernières années vient confirmer le tout.

«On a demandé à toutes les personnes qui venaient consulter pour des problèmes financiers de répondre d'abord à deux questionnaires: l'un portant sur leurs sentiments de privation et l'autre sur leur niveau d'anxiété durant la dernière semaine. Les instruments utilisés pour mesurer le stress, l'angoisse, l'anxiété ont été élaborés par l'Institut de la statistique du Québec. C'est ainsi qu'on a pu établir des comparaisons extrêmement éloquentes entre les niveaux d'anxiété vécus par la population en général et les personnes endettées en particulier», raconte le conseiller budgétaire au CIBES, Bertrand Rainville, qui a mené cette enquête.

Si les données de l'ISQ démontre que 13,7 % de la population est déprimée, ce pourcentage grimpe à 91,6 % parmi les gens consultés par cette enquête du CIBES. Quelque 94,8 % des gens consultés ont dit se sentir mal dans leur peau, comparativement à 11,9 % pour la population.

Les sentiments d'incompétence et d'échec et la perte d'estime de soi sont très répandus chez les consultés. Le surendettement crée également un impact sur la performance et le taux d'absentéisme au travail ainsi que sur la vie familiale.

«Le jeu compulsif, l'alcoolisme, c'est 3 % de la population. Les problèmes financiers, c'est 35 % à 40 % de la population! On espère que cette enquête fera en sorte qu'il y ait une alerte», ajoute M. Rainville, dont une recherche auprès d'une institution financière trifluvienne indique que 5000 dossiers de difficultés d'endettement sont répertoriés dans la région.

Les intervenants du CIBES pointent du doigt la facilité d'accès au crédit. La pression exercée par la société de consommation est aussi une explication.

«Le problème avec le surendettement est qu'il n'existe pas socialement. Personne ne parle des drames humains liés au surendettement à part les organismes communautaires», confie Gérard Duhaime, sociologue à l'Université Laval et auteur du livre «La vie à crédit», lui aussi présent à une conférence de presse tenue hier à Trois-Rivières.

Coup de main des institutions financières

Avec ces données, le CIBES s'est donné la mission de convaincre les institutions financières à participer monétairement à son programme de consultation budgétaire.

Des discussions ont été amorcées récemment à ce sujet. Le CIBES aimerait que l'Agence de santé et des services sociaux de la Mauricie et du Centre-du-Québec convoque des représentants de ces institutions vers la fin du mois d'avril. Cette rencontre permettra de discuter des conclusions de l'enquête et de la méthode de financement.

Bertrand Rainville mise sur l'importance qu'accordent ces institutions à leur image et sur leur conscientisation pour les amener à participer financièrement.

L'Agence fournit annuellement 100 000 $ au CIBES pour son programme de consultation budgétaire. Avec un financement accru, le nombre de personnes aidées chaque année pourrait passer de 200 à 800.