La direction du constructeur aéronautique américain Boeing (BA) dispose de moins de 48 heures pour convaincre ses ouvriers de ne pas se lancer dans une grève, qui porterait un nouveau coup à son nouvel appareil, le 787 «Dreamliner», déjà victime de retards à répétition.

La direction du constructeur aéronautique américain Boeing [[|ticker sym='BA'|]] dispose de moins de 48 heures pour convaincre ses ouvriers de ne pas se lancer dans une grève, qui porterait un nouveau coup à son nouvel appareil, le 787 «Dreamliner», déjà victime de retards à répétition.

À 87%, les mécaniciens membres du très influent syndicat IAM ont voté, dans la nuit de mercredi à jeudi, pour faire grève en signe de protestation contre le nouvel accord salarial triennal proposé par le groupe.

«Boeing n'a pas répondu à nos attentes», a affirmé IAM, qui représente 27 000 salariés de l'avionneur, soit environ 16% de ses effectifs.

Néanmoins, à la demande des médiateurs fédéraux, la grève a été mise entre parenthèses, laissant aux deux camps deux jours pour négocier encore.

Durant ces 48 heures, le contrat salarial qui expirait mercredi à minuit est prolongé et les salariés «devraient être présents au travail», indique IAM.

Cela laisse peu de temps à Boeing pour empêcher l'arrêt de ses lignes de production et la paralysie de la construction de son nouveau modèle Dreamliner.

«Si les ouvriers font grève, Boeing risque de devoir, une fois encore, retarder le lancement son projet phare, le 787 Dreamliner», commentent les analystes du site d'informations financières Briefing.com.

Déjà en retard de presque deux ans, les livraisons du nouveau long-courrier devraient normalement débuter au troisième trimestre 2009, après avoir été repoussé trois fois en raison de retards chez certains fournisseurs ou de la nécessité de redessiner certaines pièces. En mai, le PDG, Jim McNerney, disait voir «le bout du tunnel».

Avec des usines fonctionnant à plein régime pour répondre aux commandes de compagnies aériennes demandeuses d'avions moins gourmands en carburant, une grève «pourrait faire manquer à Boeing environ 120 millions de dollars par jour de revenus», estiment les analystes de la maison de courtage Jefferies.

Le risque pour Boeing est d'autant plus grand que les mouvements sociaux menés par l'IAM sont traditionnellement durs: la dernière grève, en 2005, avait duré un mois et avait grevé le bénéfice annuel de 300 millions de dollars.

La facture pourrait être encore plus lourde cette fois-ci, les clients du 787 risquant de réclamer des indemnités compensatoires pour les retards de livraison. Près de 900 exemplaires ont été commandés, un chiffre annonciateur d'un succès commercial sans précédent.

«Une grève d'un mois complet pourrait empêcher la livraison de 40 avions», tous modèles confondus, calculent les analystes de Jefferies.

Les responsables locaux s'inquiètent aussi de l'impact social.

«Ce serait dur, parce que pour chaque emploi Boeing, il y a probablement quatre emplois qui en découlent indirectement», a relevé la gouverneure démocrate de l'État de Washington, Chris Gregoire, qui a poussé direction et syndicats à recommencer à négocier.

Même si Boeing a transféré son siège social à Chicago il y a plusieurs années, une grande partie de son appareil de production se situe toujours dans la région de Seattle, la grande ville de l'État de Washington.

Selon Jefferies, «le défi pour Boeing est d'être sur de ficeler un accord équilibré, qui lui permette de conserver les gains de productivité obtenus avec une main-d'oeuvre motivée».

Mais pour l'instant, chacun campe sur ses positions.

La direction de Boeing assure, en proposant 34 000 dollars supplémentaires par employé sur trois ans, avoir mis sur la table «le meilleur ensemble de salaire et d'avantages de l'industrie aérospatiale».

Pas suffisant, répond l'IAM, qui réclame plus de garanties sur la sécurité de l'emploi, l'assurance santé, le salaire et le plan de retraite.

En cas de désaccord persistant, la grève débutera samedi à minuit et une minute.