La transaction de 51,7 milliards de dollars entre BCE (T.BCE) et Teachers entame une de ses dernières étapes, avec le début ce matin (lundi) de deux jours d'audiences devant le CRTC.

La transaction de 51,7 milliards de dollars entre BCE [[|ticker sym='T.BCE'|]] et Teachers entame une de ses dernières étapes, avec le début ce matin (lundi) de deux jours d'audiences devant le CRTC.

Le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes entendra plusieurs témoins, dont les dirigeants de BCE, avant d'approuver - ou pas - la privatisation de l'entreprise.

La plupart des analystes s'attendent à ce que l'organisme fédéral donne son feu vert sans de trop de difficultés.

En gros, le CRTC veut s'assurer que le volet de radiodiffusion de BCE continuera d'être contrôlé par des intérêts canadiens.

Un questionnement motivé par la présence de deux importants investisseurs américains, Madison Dearborn et Providence Equity Partners, aux côtés de la caisse de retraite ontarienne Teachers.

«Même si la part de contrôle canadien est majoritaire, le CRTC voudra s'assurer que l'influence étrangère ne dépassera pas les normes permises», explique Troy Crandall, analyste en télécoms chez MacDougall, MacDougall & MacTier.

L'avenir de CTVglobemedia sera notamment étudié. Teachers contrôle déjà 25% du diffuseur, et BCE, 15%. La nouvelle entreprise privatisée verra donc sa participation grimper à 40%.

«Ils devront convaincre le CRTC de ce qu'ils voudront faire avec ce 40%, et qu'il y aura assez de contrôle canadien», indique M. Crandall.

Plusieurs organismes et entreprises ont fait parvenir des lettres au CRTC le mois dernier pour appuyer la vente de BCE ou s'opposer à celle-ci. Marc Tellier, président du Groupe Pages Jaunes, a par exemple témoigné son appui.

Cour supérieure

Il n'y a pas que le CRTC qui doit donner son aval à Teachers et ses partenaires. Le juge Joel Silcoff, de la Cour supérieure du Québec, doit rendre sous peu une décision cruciale dans le dossier des détenteurs d'obligations.

Certains porteurs de titres de dette de Bell Canada s'objectent avec véhémence à la transaction. Ils estiment qu'elle a fait fondre de plusieurs centaines de millions de dollars la valeur de leurs obligations, à cause du fort niveau d'endettement qu'aura BCE une fois privatisée.

Le juge Silcoff a fini d'entendre leurs arguments - et les contre-arguments de BCE et Teachers - à la fin janvier. Il pourrait rendre une décision dès la fin de cette semaine, selon certains avocats.

«Le marché s'attend généralement à ce que BCE gagne cette cause», avance Troy Crandall.

Crise du crédit

Si les analystes s'attendent à une approbation de la Cour et du CRTC, ils émettent de sérieux doutes quant au financement.

Teachers et ses partenaires emprunteront plus de 34 milliards à un consortium de banques pour financer leur achat, une décision prise en juin dernier... tout juste avant l'éclatement de la crise du crédit.

L'action de BCE a piqué du nez depuis l'annonce de la transaction. Elle a clôturé à 36,01$ vendredi à Toronto, à peu près à mi-chemin entre le prix de rachat proposé de 42,75$ et le cours moyen des dernières années (environ 30$). Les investisseurs sont partagés.

«Il y a encore beaucoup de nervosité, les choses ne se sont toujours pas améliorées sur le marché du crédit», explique Troy Crandall.

BCE, Teachers et la Banque TD (qui participe au financement) répètent depuis des semaines que tout se déroule comme prévu. Les autres institutions prêteuses sont toutefois demeurées muettes.

«Nous n'avons rien entendu de Citibank, Deutsche Bank et la Royal Bank of Scotland, et ce sont ces banques qui nous inquiètent le plus», dit M. Crandall.

L'analyste évalue à 65% les chances que la transaction soit conclue au prix actuel de 42,75$ l'action. Le prix pourrait être renégocié, croit-il.

Iain Grant, expert en télécommunications au SeaBoard Group, est pour sa part confiant de voir le rachat de BCE aller de l'avant comme prévu. «La logique tient toujours», a-t-il dit.