Les Américains risquent d'être cette année le dindon de la farce de la Thanksgiving, tant se multiplient les indications que la récession qui les frappe s'enfonce.

Les Américains risquent d'être cette année le dindon de la farce de la Thanksgiving, tant se multiplient les indications que la récession qui les frappe s'enfonce.

Si le long congé qui commence aujourd'hui est prétexte aux retrouvailles familiales, les conversations tourneront autour du marasme immobilier, de la consommation qui ralentit, des carnets de commandes des entreprises qui s'amincissent à vue d'oeil et des licenciements qui se multiplient tant en usines que dans les bureaux.

Hier, on apprenait que les dépenses de consommation des ménages avaient reculé pour le quatrième mois d'affilée en octobre. Depuis un an, les dépenses personnelles de consommation augmentent à leur rythme le plus faible en 47 ans.

Prévenants, les consommateurs se remettent à économiser par crainte d'une détérioration prochaine de leurs revenus.

«L'engouement des Américains pour l'épargne (ou le remboursement de dettes) en cette période d'incertitude ne permet pas d'espérer qu'une hausse de revenu se manifeste en une consommation accrue», fait remarquer Francis Généreux, économiste principal chez Desjardins.

Comme ils consomment moins, les entreprises ont moins à produire et licencient. Les nouvelles commandes de biens durables ont reculé de 6,2% en octobre. Il s'agit du troisième repli mensuel d'affilée. En trois mois, leur valeur a plongé de 38,7%.

Tous les secteurs battaient en retraite, tant les biens de consommation comme les voitures ou les ordinateurs que les biens industriels comme l'équipement électrique ou les métaux de première transformation.

«La détérioration des demandes intérieure et extérieure suggère des périodes difficiles pour les manufacturiers américains», juge Sal Guatieri, économiste chez BMO Marchés des capitaux.

Craignant le pire, les entreprises sabrent, y compris dans leurs effectifs. Pour la troisième fois d'affilée la semaine dernière, les demandes initiales d'assurance chômage ont franchi la barre des 500 000 personnes.

Le nombre de prestataires flirte désormais avec les quatre millions. Une cohorte de cette ampleur ne s'était pas vue depuis 1983, quand les États-Unis s'extirpaient de leur pire récession de l'après-guerre.

Le marasme actuel tire son origine dans l'effondrement du marché immobilier résidentiel, il y a bientôt deux ans et qui a depuis contaminé le système financier et maintenant l'économie réelle.

D'aucuns sont d'avis que la sortie de crise passe d'abord par la stabilisation de ce marché. Hélas, on n'en est pas encore là.

En début de semaine, on a appris que la baisse annuelle des prix des maisons sur le marché de la revente dépassait les 16%, le mois dernier. Hier, on annonçait que les ventes de maisons neuves avaient encore chuté. Le parc d'invendus équivaut désormais 11,1 mois de production, comparativement à 10,9 mois en septembre. Ce, malgré le fait que les mises en chantier ont chuté dramatiquement depuis plus d'un an.

Cela risque de faire tomber les prix davantage.

Entre deux bouchées de farce trempée dans la gelée de canneberges pour la rendre moins amère, les Américains pourront espérer que celui qu'ils viennent d'élire saura faire preuve d'initiative et de leadership.

C'est ainsi qu'ils voudront interpréter la nomination hier de l'ancien président de la Réserve fédérale Paul Volcker. À 81 ans, il sera à la tête de la Commission conseil sur la reprise économique de la Maison-Blanche que Barack Obama vient de créer pour sortir les États-Unis «d'une crise économique aux proportions historiques».