Après de fortes hausses des ventes depuis le début de l'année, les marchés canadiens et québécois de l'automobile tournent au vinaigre. La nouvelle stratégie sur la location est en partie fautive.

Après de fortes hausses des ventes depuis le début de l'année, les marchés canadiens et québécois de l'automobile tournent au vinaigre. La nouvelle stratégie sur la location est en partie fautive.

Malgré un marché de l'auto qui «a défié la gravité» au pays, avec 14,3% de hausse de ventes en février dernier et encore 5% en juillet, le consultant Dennis DesRosiers anticipe des baisses d'ici la fin de l'année.

Et en dépit d'une montée en flèche des ventes de 8% au Québec durant les six premiers mois de l'année, Jacques Béchard, président-directeur général de la Corporation des concessionnaires du Québec, s'attend aussi à une chute pour le deuxième semestre.

Tant et si bien que Dennis DesRosiers prévoit une baisse de 1% du total annuel des ventes au Canada, à environ 1,65 million. Jacques Béchard anticipe de son côté des ventes de 2008 au Québec égales à celles de 2007, à 400 000 unités.

Les ventes de véhicules ont été bonnes durant la première moitié de l'année, malgré le ralentissement économique, grâce à la vigueur du huard canadien, qui a fini par faire baisser les prix réels de 3% à 5%, et des mensualités allongées jusqu'à 60 et même 84 mois, explique Dennis DesRosiers.

Depuis la décision controversée de GM d'arrêter d'offrir la location de véhicules, les prêts à l'achat remplacent la location aux taux subventionnés. "Le marché va accepter la nouvelle stratégie de mise en marché, mais avec difficulté, dit le consultant DesRosiers. Des clients ont déjà signé des prêts jusqu'à 96 mois."

GM et Chrysler ont adopté la bonne stratégie, dans les circonstances, et ils semblent réussir à l'implanter. Ils vont toutefois connaître des problèmes en cours de route car le marché se dérobe, souligne le consultant.

«Les concessionnaires GM sont en train de fouetter leurs troupes. C'est tout un changement. Une nouvelle culture», dit pour sa part Jacques Béchard. La location est finie, mais GM réplique tout de même avec des prêts à 0% jusqu'à 72 mois, poursuit-il.

Certains n'hésitent pas devant des «mini-hypothèques jusqu'à huit ans, lance M. Béchard. Je ne dis pas que ça ne nuira pas à GM. Le client qui a besoin d'un véhicule va en trouver un, quitte à aller ailleurs. La guerre des constructeurs continue. Une concession Toyota, qui a plus que doublé ses ventes en six ou sept ans, a vu sa valeur marchande grandement augmenter».

Par contre, un concessionnaire GM surprend quand il déclare avec fierté qu'il «a commencé à vendre des véhicules».

La valeur résiduelle des VUS et des camionnettes gourmandes s'est effondrée cette année, provoquant des pertes chez des constructeurs à la fin des contrats de location. Cerberus Capital, qui a pris le contrôle de GMAC et de Chrysler Financial, ne veut plus assumer ces risques, d'autant plus que des contrats de location ne prendront pas fin avant quatre ou cinq ans.

À moins que des propriétaires américains endettés jusqu'au cou décident de remettre les clés de leur véhicule avant celles de leur maison...