Tout au long de sa carrière au sein de Bombardier, Laurent Beaudoin a pu compter sur une arme secrète: une conseillère discrète dont il a toujours vanté le jugement éclairé et l'intelligence d'affaires.

Tout au long de sa carrière au sein de Bombardier, Laurent Beaudoin a pu compter sur une arme secrète: une conseillère discrète dont il a toujours vanté le jugement éclairé et l'intelligence d'affaires.

Il s'agit de son épouse Claire, qu'il a rencontrée sur les bancs de l'Université de Sherbrooke alors qu'ils étudiaient tous deux en commerce.

«Elle a toujours été ma conseillère, souvent sur l'oreiller, le soir», a déclaré M. Beaudoin il y a quelques semaines, lorsqu'il s'est adressé à un peu plus d'une centaine d'amis et de collaborateurs réunis à Valcourt pour inaugurer une petite exposition sur les grandes étapes de sa carrière.

Claire Bombardier n'a pas terminé son cours: elle a épousé Laurent Beaudoin en 1959. Et à l'époque, on s'attendait à ce qu'une femme mariée se consacre à la famille.

«Ça a été un très grand sacrifice pour moi d'abandonner une carrière, a-t-elle raconté à La Presse Affaires, dans le brouhaha du cocktail. J'aimais ça, j'aimais surtout l'économie, mais je n'ai pas regretté. Quand je regarde mes enfants, je vois que j'ai bien réussi avec eux.»

Laurent Beaudoin a reconnu que son épouse lui avait toujours «reproché un peu cette partie là».

«Mais c'est peut-être bon d'un autre côté parce que j'aurais eu trop de compétition«, a-t-il lancé.

Mme Beaudoin a indiqué qu'ayant étudié ensemble, son mari et elle étaient sur la même longueur d'ondes.

«Je comprenais ce qu'étaient les affaires, a-t-elle déclaré. Bien sûr, ce n'est pas la même chose que de travailler sur le terrain, mais j'étais au courant de ce qui se passait au jour le jour.»

Par contre, les deux avaient des styles différents.

«Je n'aime pas prendre de grands risques alors que lui, c'est tout le contraire, a-t-elle expliqué. J'ai respecté sa formule et ça a fonctionné.»

Au tout début, la famille Bombardier n'a peut-être pas pris Laurent Beaudoin bien au sérieux.

«Je trouvais qu'il faisait un peu jeune blanc-bec, il arrivait en faisant crisser les pneus de sa voiture», s'est rappelé l'aînée des filles Bombardier, Janine, maintenant membre du conseil d'administration de Bombardier et présidente de la Fondation J. Armand Bombardier.

Mais rapidement, M. Bombardier a demandé au jeune homme fraîchement diplômé de lui prêter main forte. Laurent Beaudoin a commencé à travailler au sein de l'entreprise le premier mai 1963. Puis, neuf mois après, J. Armand Bombardier est décédé. Germain Bombardier a pris la tête de l'entreprise pendant une brève période de temps, mais la pression lui pesait et il a rapidement cédé sa place à Laurent Beaudoin. Celui-ci était appuyé par ses beaux-frères, comme Jean-Louis Fontaine et Gaston Bissonnette, puis André Bombardier.

«Ils étaient jeunes, ça n'avait pas de bon sens, a commenté Janine Bombardier. C'est une chance inouïe qu'on soit passés au travers.»

La famille Bombardier reconnaît l'aide apportée par les employés à cette époque.

«Ils ont toujours aimé mon père, qui était généreux. Il était sévère, mais juste, a raconté Janine Bombardier. Ils ont voulu épauler les jeunes pour que ça continue à bien aller.»

Robert Landry a vécu la transition. Il avait travaillé pendant 14 ans comme assistant comptable et comptable auprès de J. Armand Bombardier, avant de voir arriver Laurent Beaudoin.

«Comme tout nouveau qui arrive, il s'est fait regarder en coin, mais ça a été facile de l'accepter, a-t-il raconté. Il avait une bonne formation, il fonctionnait par la logique. Et surtout, il appréciait les types qui avaient de l'initiative, de la débrouillardise.»

Laurian Gagné, un ancien collaborateur maintenant maire de Valcourt, a également noté la grande confiance que M. Beaudoin accordait à ses employés.

«Dans ton travail, tu avais la latitude de faire comme tu voulais, a-t-il expliqué. Ce sont les résultats qui comptaient.»

Claire Beaudoin a noté que sa mère avait été "très forte" et avait toujours supporté Laurent Beaudoin. La famille a resserré les rangs autour du nouveau président et est demeurée unie.

«Laurent s'est bien fondu dans la famille et la communauté, a affirmé l'épouse de M. Beaudoin. C'est un homme qui sait écouter les autres. Il fait à sa tête, mais il prend les bons conseils.»