C'est confirmé: Richard Guay, 47 ans, devient grand patron de la Caisse de dépôt et placement du Québec pour un règne sous le signe de la continuité.

C'est confirmé: Richard Guay, 47 ans, devient grand patron de la Caisse de dépôt et placement du Québec pour un règne sous le signe de la continuité.

Le gouvernement Charest lui a confié le poste ce matin et une conférence de presse s'est déroulée pour rendre la nomination officielle.

C'est sous la direction de son prédécesseur Henri-Paul Rousseau que M. Guay avait pris la direction des placements, en mars 2006. Il supervisait alors les quatre vice-présidences responsables de la gestion de 14 des 18 portefeuilles spécialisés de la Caisse. Il était aussi responsable des groupes immobiliers et des placements privés ainsi que des équipes de recherche en politique de placement.

M. Guay est entré à la Caisse en 1995. Sept ans plus tard, il était promu premier vice-président pour la gestion du risque, avant de devenir chef de la direction du placement, en 2006.

«Dans le climat actuel, c'est une valeur sûre, dit Monique Jérôme-Forget, ministre des Finances. Il a traversé une crise financière comme bras droit d'Henri-Paul Rousseau. Nous avons là un candidat extraordinaire. C'est un homme extrêmement droit et d'envergure. La nomination est basée exclusivement sur l'expertise du candidat.»

«M. Guay a occupé diverses fonctions de direction au sein de la Caisse qui lui ont permis de démontrer son leadership et l'ont très bien préparé à prendre en charge la direction de l'institution», dit pour sa part Pierre Brunet, président du conseil d'administration.

«Il possède une connaissance approfondie et diversifiée de la Caisse, de ses employés et de ses déposants, ajoute M. Brunet. En accordant sa confiance à M. Guay, le conseil d'administration a fait le choix d'une solide expertise en placement et en gestion globale du risque, dans un contexte où une telle expérience est importante.»

De son côté M. Guay s'est dit fier de prendre la tête de l'institution. «C'est un honneur de diriger la Caisse», a-t-il souligné.

Toutefois, le principal intéressé ne se fait pas d'illusions. Il sait que le contexte économique mondial est difficile et que le défi sera grand.

D'ailleurs il va se concentrer sur deux grands défis dans les prochains mois.

Premièrement, il devra plancher sur comment la Caisse s'ajustera dans ce nouveau contexte économique instable. M. Guay va également compléter le nouveau plan stratégique 2009-2011 afin de permettre à la Caisse de s'adapter à des marchés financiers de plus en plus complexes.

Une nomination non partisane

Québec crée un précédent en faisant ce choix car M. Guay n'est pas lié au monde politique.

Marcel Cazavant, qui était depuis trois ans patron à l'arrivée du PQ en 1976, était identifié aux libéraux de Robert Bourassa. Par la suite, Jacques Parizeau avait choisi son homme de confiance, un ancien fonctionnaire des Finances, Jean Campeau, en 1980 pour un mandat de 10 ans qui se poursuivra jusqu'en 1990.

Dès l'échéance, les libéraux nomment le tandem Jean-Claude Delorme et Guy Savard, bien connus de Robert Bourassa et sympathisants libéraux. Le PQ revient et opte pour Jean-Claude Scraire, un ancien chef de cabinet péquiste, déjà vice-président à la Caisse. Bernard Landry devance la fin du terme de M. Scraire afin d'y placer Henri-Paul Rousseau, qui avait été à la tête des «Économistes pour le Oui» au référendum de 1980. Des modifications apportées par les libéraux à la gouvernance de la Caisse ont ramené une gestion bicéphale, mais Henri-Paul Rousseau restait le grand timonier.

M. Guay est, lui, un parfait inconnu pour les apparatchiks politiques à Québec. Selon les informations réunies, ce choix a fait rapidement consensus au sein du comité de sélection des nombreux candidats, un groupe dirigé par Pierre Brunet.

«Je n'ai pas hésité une seule seconde à approuver sa nomination», a souligné Mme Jérôme-Forget.

La ministre a comparé le parcours similaire de Richard Guay et d'Henri-Paul Rousseau qui ont tous les deux été enseignants avant de devenir patron de la Caisse.

Lors de l'annonce de sa démission en mai dernier, M. Rousseau n'avait pas caché qu'il souhaitait que M. Guay, chef de la direction des placements depuis deux ans, prenne sa place. M. Guay avait été choisi pour assurer l'intérim.

«Richard a les qualités (pour devenir PDG), mais il ne sera pas le seul candidat. De toute façon, ce ne sera pas à moi de décider. La plus grande qualité (du prochain PDG) sera d'avoir un curriculum vitae qui inspirera la confiance des déposants. Comme nous gérons leur argent, il faut avoir une relation de confiance avec eux», avait soutenu M. Rousseau lors de l'annonce de son départ.

Plusieurs noms ont circulé tout l'été comme prétendant au trône d'Henri-Paul Rousseau, l'un des postes les plus convoités – M. Rousseau a gagné 1,9 million l'an dernier.

Parmi eux, Christiane Bergevin, de SNC, notamment, qui était déjà membre du conseil d'administration et qui vient de renoncer à la politique fédérale. On mentionnait aussi Jacques Ménard, le président du conseil de BMO Nesbitt Burns, et Jean Houde, le sous-ministre des Finances, issu du milieu bancaire. Finalement certains pariaient sur Claude Lamoureux, un ancien patron de Teachers', le gestionnaire des caisses de retraite des fonctionnaires ontariens, aux rendements toujours enviables, ou Jean-Guy Desjardins, le patron de Fiera, un gestionnaire de fonds.

La nouvelle loi sur la gouvernance à la Caisse prévoyait la mise en place d'un comité pour la sélection du nouveau président. Formé de 15 personnes, sous la houlette du président du conseil Pierre Brunet, le groupe s'était engagé à livrer sa recommandation au gouvernement à la fin de l'été, ce qui a été fait tout récemment.