La dégringolade de la Bourse américaine touche peut-être à sa fin. Certaines actions, dont les banques, commencent à se vendre à prix d'aubaines, même aux yeux de la Financière Banque Nationale (FBN) qui prêche la prudence depuis plus d'un an déjà.

La dégringolade de la Bourse américaine touche peut-être à sa fin. Certaines actions, dont les banques, commencent à se vendre à prix d'aubaines, même aux yeux de la Financière Banque Nationale (FBN) qui prêche la prudence depuis plus d'un an déjà.

«Comme le marché boursier a tendance à rebondir plusieurs mois avant l'économie, la vraie question est maintenant de savoir à quel point le marché a déjà intégré les mauvaises nouvelles (faillites de banques américaines, estimations de bénéfices non respectées, etc.) Autrement dit, de combien les Bourses de Wall Street et de Bay Street pourraient-elles encore baisser?» se demandent Clément Gignac et Pierre Lapointe, stratège et stratège adjoint à la FBN.

N'étant pas cartomanciens, les deux hommes préfèrent se donner une cible de 12 mois.

Pour le S&P 500, c'est 1400 points alors qu'il navigue ces jours-ci dans les eaux de 1240-1260 points. Bref, si le fond n'est pas touché encore, le rebond n'est pas si loin.

En ce qui concerne l'indice phare de la Bourse de Toronto, le S&P/TSX qui n'est pas encore tombé en tendance baissière en se maintenant au-dessus des 13 500 points, il devrait défoncer le plancher des 13 000 points et se fixer aux environs de la barre de 12 800, d'ici à un an.

Depuis six ans maintenant, la Bourse canadienne supplante l'américaine, en raison de la poussée des prix des matières premières et de la flambée de l'énergie en particulier. MM. Gignac et Lapointe croient que ce boom tire à sa fin. Ils sont d'avis que le prix du baril de brut devrait reculer aux environs 75$ à 80$ à la faveur d'un certain ralentissement des économies émergentes.

Si cette prévision s'avère, les deux moteurs de la Bourse canadienne tomberaient en panne puisque énergie et matières premières représentent 53% du maître-indice canadien.

Cette proportion est beaucoup plus faible dans le S&P 500: à peine 17,9%.

Le dégonflement des prix favoriserait en retour les financières et les sociétés de consommation discrétionnaires (pièces d'autos, commerces spécialisés comme meubles et électroménagers) Ces deux sous-secteurs représentent 29% de l'indice canadien.

«Au Canada on devient plus optimistes pour ces titres, mais ils ne peuvent à eux seuls compenser le repli des matières premières», explique M. Lapointe.

Aux États-Unis, l'indice phare est plus équilibré. À 23,3% du S&P 500, financières et consommation discrétionnaire pèsent plus que les matières premières. Qui plus est, les titres des banques se sont dépréciés de près de 60% depuis leur sommet, la consommation discrétionnaire de 30%, soit beaucoup plus que la chute de 20% de l'indice.

«Il n'y a pas de doute à ce stade-ci que la valeur commence à ressortir dans les secteurs les plus durement touchés au cours de la dernière année, écrivent MM. Gignac et Lapointe dans une note à leur clientèle. Les investisseurs à la recherche de valeur devraient s'intéresser de plus près aux banques américaines.»

C'est un peu comme si, à New York, on partage déjà les vues des deux analystes. Depuis que le président de la Réserve fédérale Ben S. Bernanke a donné l'assurance que les assureurs hypothécaires Freddie Mac et Fannie Mae n'étaient pas en danger, les investisseurs ont repris confiance. L'augmentation du dividende de Wells Fargo et la déclaration de pertes moins importantes qu'anticipées par JP Morgan et Citigroup ont plu aux investisseurs.

Les deux analystes concluent leur étude en prévenant que les titres pétroliers et de métaux pourraient se corriger sévèrement, si leur cible de 75$ le baril était atteinte plus rapidement. Se voulant optimistes, ils concluent: «Ce serait évidemment une bonne affaire pour les compagnies aériennes et de chemin de fer ainsi que pour les titres des services financiers et de la consommation discrétionnaire puisque les ménages américains bénéficiaient d'un allégement de leur facture d'énergie.»

Le prix du baril de brut a fondu de plus de 10% cette semaine et est passé sous les 130$ américains.