Citigroup (C) évite la faillite ou le démembrement grâce au sauvetage sans précédent d'une banque avec activités de dépôt, orchestré par les autorités américaines qui se portent garantes de ses éléments d'actif toxiques.

Citigroup [[|ticker sym='C'|]] évite la faillite ou le démembrement grâce au sauvetage sans précédent d'une banque avec activités de dépôt, orchestré par les autorités américaines qui se portent garantes de ses éléments d'actif toxiques.

C'est encore une fois un dimanche dans cette crise financière aux multiples péripéties que Washington a dévoilé son plan orchestré par le Trésor, la Réserve fédérale et la Société d'assurance-dépôt (FDIC).

L'action de Citigroup, deuxième banque américaine mesurée par la valeur de son actif et sixième par celle de sa capitalisation boursière, avait été très malmenée la semaine dernière en perdant 60% de sa valeur poussant la saignée à 83% cette année. Les autorités voulaient redresser la situation avant le long congé de la Thanksgiving.

En vertu du plan, Washington se porte garant d'un portefeuille de 306 milliards US d'actifs toxiques et de prêts hypothécaires fragilisés. Citigroup absorbera les 29 premiers milliards de pertes tandis que le Trésor, la Fed et la FDIC épongeront 90% des pertes subséquentes.

En plus, Washington investit 20 milliards dans la banque. En échange de cette injection et des garanties de créances, le Trésor et la FDIC obtiennent une participation évaluée à 27 milliards en actions privilégiées de la banque qui rapporteront un dividende annuel de 8%. Cette participation s'ajoute à celle de 25 milliards US annoncée le mois dernier dans le cadre du plan de 700 milliards US voté par le Congrès en septembre.

Pour assurer le paiement du dividende des actions privilégiées celui des actions ordinaires est réduit de 16 cents à un cent.

Le gouvernement se voit aussi accorder des bons de souscription lui donnant droit d'acheter jusqu'à 254 millions d'actions de Citigroup au prix de 10,61$. Cette disposition permettra aux contribuables américains de profiter d'une relance éventuelle de la banque.

Hier, son action s'est négociée aux environs de 5,80$US ce qui représente un bond de plus de 2$US par rapport à son cours de clôture, vendredi. Avant la crise, l'action de Citi se négociait dans les 50$US.

«À la réunion du G20, le 15 novembre, les chefs de gouvernement avaient affirmé qu'ils ne permettraient pas la faillite d'une institution financière qui entraînerait un risque systémique», rappelle Paul-André Pinsonnault, économiste principal à la Financière Banque Nationale.

Washington apporte donc de la crédibilité à cet engagement.

«On voit à nouveau qu'après la mauvaise décision de laisser tomber Lehman au début de septembre, les gouvernements sont prêts à tout pour éviter le pire, comme la faillite d'une autre grande banque», renchérit Eric Lascelles, stratège en revenus fixes chez TD Valeurs mobilières.

Le sauvetage de Citigroup est bien différent dans sa forme de ceux de l'assureur AIG (prêt massif de la Fed en échange d'une participation), des racheteurs de prêts hypothécaires Freddy Mac et Fannie Mae (mises en tutelle et garanties par le Trésor de leurs titres de dette jusqu'à concurrence de 200 milliards), de la banque d'affaires Bear Stearns (rachat de mauvaises créances par la Fed pour favoriser son absorption par JP Morgan), de Goldman Sachs et Morgan Stanley (transformation de banques d'affaires en institution avec activités de dépôt).

Cela s'explique par la taille de Citi. Elle est présente dans une centaine de pays, sa clientèle dépasse les 200 millions et la valeur de son actif les 3000 milliards de dollars américains, rappelle M. Lascelles.

En outre, même si Citigroup a jusqu'ici pris des radiations de 66 milliards US liées aux produits structurés ésotériques et au marché hypothécaire, elle est parvenue à lever 94 milliards US en capitaux frais depuis le début de la crise.

Autre différence majeure enfin, la direction de Citigroup demeure en place pour poursuivre la réorganisation de l'entreprise bien que Washington supervisera sa rémunération.

En poste depuis à peine un an, le président et chef de la direction Vikram Pandit avait annoncé la semaine dernière un plan de suppression de 52 000 postes jumelé à un programme de coupes évalué à deux milliards par trimestre. Pour ajouter de la crédibilité à ces mesures, Pandit et trois autres hauts dirigeants de la banque avaient aussi annoncé l'achat de 1,3 million d'actions de la banque.

Le prince saoudien Al-Walid ben-Talal s'est montré si satisfait qu'il désirait porter de 4% à 5% son intérêt dans l'institution financière.

Dans la foulée de l'annonce de dimanche, il affirme maintenant que la banque est «surcapitalisée» et que Pandit a reçu «un vote de confiance» de Washington.

Avec AFP et Bloomberg