Fraîchement nommé à la Caisse de dépôt et placement, Richard Guay doit quitter pour un mois la barre de l'organisme qui gère le bas de laine collectif des Québécois, dont la valeur atteint 150 milliards de dollars.

Fraîchement nommé à la Caisse de dépôt et placement, Richard Guay doit quitter pour un mois la barre de l'organisme qui gère le bas de laine collectif des Québécois, dont la valeur atteint 150 milliards de dollars.

En pleine tourmente sur les marchés boursiers, le jeune administrateur, qui avait surpris en décrochant ce poste convoité à 47 ans, a été mis au repos par son médecin, a appris La Presse, de plusieurs sources au gouvernement.

M. Guay a quitté le 12 novembre, et «il est prévu qu'il revienne le 10 décembre, c'est sa date de retour», a confirmé hier soir Marc Boutet, porte-parole de la Caisse. La Caisse refuse toutefois de préciser la cause de cette absence étonnante, en pleine crise des marchés financiers. «Sur les questions médicales, il n'y a pas d'intérêt à rentrer dans ces détails», a dit M. Boutet.

C'est Fernand Perrault, premier vice-président aux immobilisations, qui sera à la barre durant cette période, a indiqué M. Boutet - il est le doyen parmi les membres du comité de direction, «composé de gens très seniors».

Il n'y a pas de précédent où un grand patron de la Caisse ait du prendre congé pour un temps de repos, surtout quand les marchés sont soumis à une telle tempête. M. Guay sera absent à la prochaine réunion mensuelle du conseil d'administration, prévue pour la fin novembre.

«Son médecin lui conseille du repos», a confirmé à La Presse une source au gouvernement, informée des récents développements. «On comprend qu'il revient au travail le 10 décembre», mais on convient facilement que ces questions de fatigue ne sont pas toujours faciles à prévoir.

La nouvelle, étonnante, que le grand responsable des placements du gouvernement est sur le carreau frappera durement, en pleine campagne électorale.

Perte sans précédent

Le premier ministre Charest avait balayé d'un revers de main les informations publiées par La Presse il y a deux semaines, voulant que la Caisse présente un rendement de moins 20% cette année - une perte, sans précédent, de 30 milliards de la valeur de ses actifs. Ce chiffre serait conservateur, ont confié depuis des sources gouvernementales. Mario Dumont et Pauline Marois talonnent Jean Charest depuis plusieurs semaines sur les problèmes prévisibles à la Caisse de dépôt et placement, après la crise qui se poursuit toujours sur les marchés financiers.

Des rumeurs persistantes dans les milieux financiers de Montréal indiquaient que M. Guay n'était pas apparu à la Caisse depuis près de trois semaines. M. Boutet soutient toutefois qu'avant son départ, le 12 novembre, M. Guay se présentait normalement au travail.

Peu de signes avant-coureurs

À la dernière réunion du conseil d'administration, fin octobre, M. Guay avait paru fatigué, mais personne n'y voyait un signe avant-coureur. On lui avait confié la barre de la Caisse au moment même où les marchés partout en Occident connaissaient la glissade la plus spectaculaire depuis la crise de 1929, rappelle-t-on. «Déjà, présider la caisse est un job difficile, imaginez dans une telle tourmente», a résumé une source au sein de la direction de la Caisse.

M. Guay avait été choisi par le gouvernement Charest début septembre, après le départ surprise d'Henri-Paul Rousseau. Il avait été suggéré par un comité ad hoc. Titulaire d'un doctorat en économie financière et de deux maîtrises, déjà employé de la Caisse depuis une décennie, il avait coiffé à la ligne d'arrivée 126 autres candidats. Il supervisait comme chef de la direction du placement 14 des 18 portefeuilles de la Caisse avant qu'on le nomme grand patron.