Les dirigeants du G20, réunis en sommet extraordinaire dans la capitale américaine, se sont mis d'accord hier sur un vaste plan d'action destiné à réformer la finance mondiale et à sortir le monde de la crise actuelle.

Les dirigeants du G20, réunis en sommet extraordinaire dans la capitale américaine, se sont mis d'accord hier sur un vaste plan d'action destiné à réformer la finance mondiale et à sortir le monde de la crise actuelle.

La déclaration de cinq pages, accompagnée d'un plan d'action de sept pages, a d'ailleurs aussitôt été saluée par le premier ministre Stephen Harper, qui l'a qualifiée de «substantielle et complète».

En trouvant ainsi un terrain d'entente pour jeter «les bases de réformes qui aideront à assurer qu'une crise mondiale de cette nature ne se reproduise pas», les leaders du G20 ont confié à leurs ministres des Finances la tâche de présenter d'ici au 31 mars 2009 un train de réformes sur la réglementation des marchés financiers, notamment sur les aspects qui ont exacerbé la crise financière internationale.

Les dirigeants du G20 ont ainsi promis de restaurer la croissance le plus rapidement possible.

«Nous comprenons tous que ce qui a commencé par une crise financière est devenu une crise économique internationale, a commenté Stephen Harper à l'issue du sommet. Cela va demander des actions coordonnées de la part de tout le monde. Tous les dirigeants dans la salle ont compris l'extrême danger de la situation et la nécessité d'agir ensemble.»

Les grands argentiers du G20 devront donc harmoniser les règles comptables entre les pays et améliorer la transparence des marchés dérivés ainsi que les pratiques de rémunération des dirigeants des grandes institutions financières internationales. Les ministres des finances devront aussi évaluer les besoins en capitaux de ces mêmes institutions financières.

«Dans cette détérioration de la conjoncture économique mondiale, affirme le communiqué des dirigeants du G20, nous avons convenu de la nécessité d'une plus vaste action des pouvoirs publics, fondée sur une coopération plus étroite au niveau macroéconomique, pour rétablir la croissance, éviter un effet d'entraînement négatif et appuyer les économies de marché émergentes et les pays en développement.»

Harper optimiste

Le premier ministre Harper croit que les marchés vont comprendre le bien-fondé du plan d'action et a bon espoir qu'ils emboîteront le pas.

À l'intention des Canadiens qui craignent à l'heure actuelle pour leur emploi et pour leur hypothèque, M. Harper a affirmé que les résultats du sommet devraient les rassurer.

«La déclaration est complète et substantielle. Elle comprend un plan d'action concret, particulièrement au sujet de la réglementation financière, et elle fait état d'une collaboration de tous leaders et d'une compréhension profonde de la nécessité de faire des gestes déterminés pour renforcer les marchés et pour affronter la crise avec urgence, a-t-il expliqué. Est-ce que cela veut dire que les problèmes que nous éprouvons vont disparaître tout de suite? Non. Il y a encore des temps difficiles qui nous attendent. Le Canada a été protégé à ce jour de la crise mondiale mais il ne sera pas protégé entièrement. Les Canadiens savent que c'est la réalité. Mais il y a désormais une compréhension mondiale des problèmes et une volonté mondiale de les affronter.»

Cinq volets

La réforme mise au point par le G20 comporte cinq volets ou «principes»: 1. Accroître la transparence et la reddition de compte des marchés financiers; 2. Accroître l'intégrité par des mesures de surveillance accrues; 3. Renforcer la coopération internationale par une réglementation coordonnée entre les nations; 4. Réformer les institutions internationales de Bretton Woods (le FMI et la Banque mondiale notamment) afin de rehausser leur efficacité; 5. Élargir le Forum sur la stabilité financière «afin d'y inclure les économies émergentes».

Quant au plan d'action, il vise à mettre en oeuvre les cinq principes de la réforme.

Le premier ministre Harper s'est dit ravi que ses homologues aient reconnu que, pour rétablir la croissance, il faut des stimuli concertés, y compris des mesures budgétaires pour relancer la demande. Il a applaudi le message clair des leaders pour une meilleure réglementation financière.

«Le message du Canada selon lequel une bonne réglementation commence chez soi a été entendu, a souligné le premier ministre. Nous voulions qu'une saine gestion soit soutenue par une action concrète et par un accord selon lequel les secteurs financiers feront l'objet d'une évaluation objective indépendante. C'est dans la déclaration. Cela est crucial dans une économie mondiale interconnecté.»

Enfin, M. Harper s'est déclaré heureux que les leaders se soient engagés à bâtir des institutions multilatérales plus fortes et plus ouvertes aux pays émergents et en développement.

La rencontre extraordinaire - la première d'une telle ampleur depuis 10 ans - rassemblait les grands pays industriels comme le Canada, le Japon, l'Allemagne et les États-Unis ainsi que les pays émergents comme la Chine, l'Inde et le Brésil. Le G20 représente 85% de l'économie mondiale.

Les leaders du G20 ont promis de se réunir une autre fois d'ici au 30 avril 2009 afin de faire le point sur les progrès accomplis.

FAITS SAILLANTS

Les leaders du G20 se sont entendus sur des réformes majeures:

> Réformer des institutions financières internationales telles que le Fonds monétaire international, le Forum sur la stabilité financière et la Banque mondiale.

> Conclure une entente d'ici à la fin de 2008 qui mènera à un accord général sur le libre-échange, soit faire déboucher le programme de Doha.

> Améliorer la transparence des marchés financiers, y compris en renforçant les exigences de divulgation sur les produits financiers complexes et en faisant en sorte que les sociétés divulguent des renseignements complets et exacts sur leur situation financière.

> S'assurer que les banques et les institutions financières prennent des mesures pour prévenir les risques excessifs.

> Demander aux ministres des Finances d'établir une liste des institutions financières dont la faillite risquerait de mettre en péril le système économique mondial.

> Renforcer les régimes de réglementation financière des États.

> Poser un regard nouveau sur les règles qui régissent la fraude et la manipulation des marchés.