L'inédit du marasme actuel repose en grande partie sur deux crises distinctes, mais enchevêtrées, qui commandent des réponses distinctes.

L'inédit du marasme actuel repose en grande partie sur deux crises distinctes, mais enchevêtrées, qui commandent des réponses distinctes.

Pour les autorités monétaires, l'évaporation des liquidités, qui s'est manifestée dès le mois d'août 2007, exige l'injection massive de liquidités.

C'est ce qu'aura très bien compris Jean-Claude Trichet, président de la Banque centrale européenne. Il n'a pas hésité à lancer l'équivalent de 500 milliards de dollars pour faire reculer le taux de financement interbancaire en décembre dernier.

En revanche, il aura mis beaucoup de temps à saisir que la crise de solvabilité de plusieurs institutions financières provoquait un grave ralentissement économique. Il est resté centré sur sa cible d'inflation, artificiellement gonflée par l'action opaque des fonds spéculatifs sur les prix des produits de base, dont le pétrole.

M. Trichet a même monté encore son taux directeur en août alors que les économies de plusieurs pays de la zone euro se contractaient déjà.

À l'opposé, M. Bernanke a mené son allègement monétaire avec énergie et diligence. «Quand pointe le ralentissement économique, il faut vider son chargeur de munitions le plus vite possible, croit Eric Lascelles, stratège chez TD Valeurs mobilières. Le problème, c'est que personne au début n'a bien saisi la gravité de la situation. On peut dire après coup que la Fed et la Banque du Canada ont mieux réagi.»

«Les banques centrales ont erré un bon bout de temps, poursuit François Dupuis, vice-président et économiste en chef au Mouvement Desjardins. Elles n'ont pas vu que plusieurs phénomènes microéconomiques avaient une portée macroéconomique et pouvaient atteindre l'économie réelle. Les organismes de surveillance des marchés n'ont pas fait mieux.»