Alors que les stocks s'accumulent et que le baril de pétrole descend, Bell Helicopter Textron Canada ralentit sa cadence de production d'environ 20%.

Alors que les stocks s'accumulent et que le baril de pétrole descend, Bell Helicopter Textron Canada ralentit sa cadence de production d'environ 20%.

C'est ce qu'a appris LaPresseAffaires.com d'une source familière avec la filiale du géant américain Textron qui emploie 2400 personnes à ses installations de Mirabel.

Michel Legault, directeur du développement des affaires chez Bell Helicopter, a confirmé la nouvelle lundi. «La semaine de travail sera réduite de cinq à quatre jours pour les cinq premières semaines de 2009, ce qui limite quand même la portée de la mesure dans le temps.»

La compagnie a pris cette décision en raison des stocks d'hélicoptères qui sont un peu trop élevés à son goût, comme le précise M. Legault.

«Ce que peu de gens réalisent, dit-il, c'est que nous avons travaillé fort cet automne pour augmenter la cadence dans l'espoir que la demande soit soutenue, mais ça a changé rapidement. Au lieu de trop attendre, nous réagissons tout de suite, dès le début de l'année.»

Citant une politique d'entreprise, ce porte-parole de Bell Helicopter refuse de donner des chiffres pour quantifier l'impact du raccourcissement de la semaine de travail. Il préfère aussi ne pas détailler l'état actuel du carnet de commandes.

Chose certaine, le ralentissement du rythme de production provient partiellement de la baisse du baril de pétrole, ce qui découle de la crise économique. Il faut savoir qu'une partie des activités de Bell Helicopter va à sens inverse comparativement à d'autres secteurs. Plus le brut est cher, plus ses clients sont affamés d'hélicoptères.

«Les entreprises qui vont chercher le pétrole en haute mer ont besoin d'appareils pour la logistique afin de transporter des personnes, souligne Michel Legault. Par exemple, si ça coûte 35 $ pour extraire un baril de pétrole d'une plateforme de forage, on y va allègrement avec les hélicoptères quand le baril est à près de 150 $ US comme en juillet. À l'époque, le téléphone ne dérougissait pas. La semaine passée, il se trouvait à 35 $ et moins, ce qui a rendu les expéditions moins attrayantes.»

En plus de voir ses clients moins pressés d'acheter des appareils, Bell Helicopter devient un peu plus fébrile avec l'incertitude engendrée par la crise économique.

«Ça nous inquiète assez pour réagir rapidement aux fluctuations, avoue M. Legault. Il y a deux ans, nous aurions dit que ça irait bien malgré des stocks plus importants. Aujourd'hui, c'est le devoir des entreprises d'être attentives et de réagir rapidement. La télévision est ouverte dans mon bureau et nous suivons cela pratiquement à chaque heure ! La boule de cristal est plus embrouillée que d'habitude.»

La baisse de régime constitue un petit revirement pour une entreprise qui semblait avoir le vent dans les pales. En dévoilant les résultats de son troisième trimestre en octobre, la maison-mère Textron indiquait que Bell Helicopter avait reçu 235 nouvelles commandes pour des appareils commerciaux depuis le début de l'année. Le carnet de commandes avait monté de 13% à 5,3 G$ US.

Le ralentissement contredit la tendance dans l'industrie aérospatiale si l'on se fie aux plus récentes données de Statistique Canada.

L'Enquête mensuelle sur les industries manufacturières publiée la semaine dernière démontrait que le secteur donnait un solide coup de main à l'économie québécoise. Ses carnets de commande étaient en hausse de 13,9%. Cela expliquait en bonne partie une croissance de 6,8% à plus de 70 G$ US pour l'ensemble des industries.

Toutefois, Bell Helicopter a eu sa part de mauvaises nouvelles à annoncer pendant l'automne. En octobre, elle a perdu un contrat militaire américain de 8,3 G$ US, ce qui avait poussé la direction locale à préciser que le site de Mirabel serait peu touché.