L'arrestation à New York de Bernard Madoff, un courtier légendaire impliqué depuis près de 50 ans dans une gigantesque fraude pyramidale évaluée à 50 G$ US, porte un coup à l'image déjà malmenée de Wall Street.

L'arrestation à New York de Bernard Madoff, un courtier légendaire impliqué depuis près de 50 ans dans une gigantesque fraude pyramidale évaluée à 50 G$ US, porte un coup à l'image déjà malmenée de Wall Street.

La nouvelle, annoncée jeudi par un communiqué conjoint du procureur Lev Dassin et de la police fédérale américaine (FBI), a fait l'effet d'une bombe dans le milieu de la finance.

Bernard Madoff, 70 ans, avait été pendant plusieurs années président du conseil d'administration du Nasdaq, une des deux principales bourses de New York avec le New York Stock Exchange.

Sa société de courtage officielle, «Bernard L. Madoff Investment Securities LLC», jouissait d'une réputation prestigieuse et lui-même était considéré comme un innovateur dans le monde de la finance électronique.

«Il avait des positions officielles trop importantes pour ne pas inspirer confiance, tout ceci est très négatif pour l'image de Wall Street», a souligné un analyste souhaitant conserver l'anonymat.

En fait, ce «self-made man» qui avait commencé sa vie professionnelle comme maître-nageur sur les plages de Long Island, avait fondé en 1960 une société parallèle frauduleuse garantissant des rendements très élevés. Sur la foi de sa réputation, il s'était vu confier 17 G$ US par des clients très fortunés et pour la plupart institutionnels, des sommes placées dans des fonds exceptionnellement rentables.

«Le fait que ces investissements aient été audités par un tout petit cabinet d'audit est rare mais pas impossible, mais cela aurait sans doute pu éveiller des soupçons», souligne le même analyste.

«Il a monté un gigantesque système de Ponzi, une pyramide frauduleuse qui a coûté à ses clients 50 G$ US», estime Al Goldman, responsable de la stratégie chez Wachovia. La somme de 50 milliards est également citée dans le communiqué du procureur, qui précise que Bernard Madoff risque jusqu'à 20 ans de prison et une amende de 5 M$ US.

Le 7 janvier dernier, le financier avait déclaré à la SEC, la Commission des titres et des échanges, le gendarme de la Bourse de New York, que sa société de conseil en investissements - celle qui s'est avérée frauduleuse - servait entre 11 et 25 clients pour un montant total de 17 G$ US qui lui avaient été confiés en gestion. Au moins la moitié de ses clients étaient des banques, des fonds et de grosses fortunes personnelles, selon plusieurs analystes.

Le système de Ponzi, du nom de Charles Ponzi, un financier véreux qui dans les années 1920 avait trompé des milliers d'épargnants en promettant des intérêts allant jusqu'à 40% en 90 jours, ne peut fonctionner que tant que les investisseurs n'ont pas besoin de retirer massivement leur argent, puisqu'en fait les remboursements sont effectués avec les sommes placées par d'autres.

Avec un marché boursier en baisse de 40%, Bernard Madoff s'est probablement retrouvé face à des demandes de retrait massives, qu'il n'a pas pu honorer, estiment les experts, qui soulignent que cette faillite va avoir des conséquences importantes encore difficiles à calculer.

Il a alors réuni quelques-uns de ses plus proches collaborateurs, notamment les membres de sa famille qui sont ses associés, et leur a expliqué qu'il «était fini, n'avait plus rien et avait perdu environ 50 G$ US», selon le parquet et le FBI.

Le bureau d'où il gérait sa pyramide était situé dans le même immeuble mais à un autre étage que sa société de courtage.

Bernard Madoff a été libéré jeudi soir après versement d'une caution de 10 M$ US.