Les autorités irakiennes ont décidé lundi d'ignorer les offres des géants mondiaux du pétrole pour des contrats d'assistance technique, les jugeant trop gourmands.

Les autorités irakiennes ont décidé lundi d'ignorer les offres des géants mondiaux du pétrole pour des contrats d'assistance technique, les jugeant trop gourmands.

«Nous n'avons pas trouvé d'accord avec eux», a déclaré le ministre irakien du Pétrole Hussein Chahristani lors d'une conférence de presse à Bagdad.

«Nous voulions l'aide des experts sur la base de consultations et de soutien technique pour aider nos équipes. Ils ont refusé parce qu'ils voulaient des parts de notre pétrole. Mais nous ne partagerons pas notre pétrole», a lancé le ministre.

Le quotidien New York Times avait annoncé à la mi-juin le grand retour des majors occidentales en Irak cinq ans après une invasion américaine interprétée par beaucoup comme une guerre pour le pétrole.

Le porte-parole du ministère du Pétrole Assim Jihad avait confirmé le 22 juin à l'AFP la teneur de l'accord et annoncé la signature huit jours plus tard d'un accord entre le gouvernement irakien et les compagnies Shell, BP, ExxonMobil, Chevron et Total, ainsi qu'un consortium regroupant Anadarko, Vitol et Dome des Émirats arabes unis.

Il s'agissait pour le gouvernement irakien de faire appel à ces multinationales pour des contrats d'assistance technique afin d'augmenter sa capacité de production de 500 000 barils/jour.

«Du personnel irakien s'occupera de l'exécution des travaux alors que les entreprises (occidentales) apporteront leur expertise et leur logistique», avait précisé le porte-parole du ministère du Pétrole.

De leur côté, les géants occidentaux espéraient prendre pied en Irak et bénéficier à terme des immenses réserves de brut du pays. Ils étaient actionnaires de l'Iraq Petroleum Company, qui a eu le monopole sur les ressources irakiennes de 1925 à 1961.

Le secteur pétrolier a été progressivement nationalisé entre 1961 et 1972 et les Occidentaux ont été chassés du pays.

Par ailleurs, le ministère du Pétrole a reporté à juin 2009 l'attribution définitive de contrats à court terme à 41 compagnies pétrolières étrangères, pour «six gisements pétroliers et deux gisements gaziers».

Les entreprises étrangères ont deux mois pour faire connaître leur intention avant une période de six mois pour affiner leur offre. Selon M. Chahristani, «le ministère commencera en mai (2009) à analyser les offres» et «la signature des contrats aura lieu en juin».

«Ce ne sont pas des contrats de partage de production, mais des contrats de services», a souligné le ministre du Pétrole.

«Nous n'avons pas besoin de partager notre pétrole avec qui que ce soit. Le pétrole appartient aux Irakiens», a-t-il martelé.

Les autorités irakiennes ambitionnent d'extraire d'ici la fin de l'année 3 millions de barils de brut par jour (mbj) contre 2,5 mbj actuellement, soit le niveau de production juste avant l'invasion américaine de mars 2003.

Le but dans les cinq ans est d'atteindre une production de 4,5 mbj. Actuellement, 2,11 millions de barils sont exportés chaque jour.

L'Irak dispose des troisièmes réserves de brut au monde, avec 115 milliards de barils, mais manque cruellement de technologies et de capitaux.

Les sanctions internationales imposées au régime de Saddam Hussein après la guerre du Golfe en 1991 ont notamment empêché le pays de moderniser son réseau de production et de distribution.

Mais avant tout investissement étranger majeur, les députés irakiens doivent approuver un projet de loi sur le pétrole, qui prévoit une distribution juste des revenus pétroliers entre les 18 provinces irakiennes.

En février, Hussein al-Chahristani avait dit espérer que la loi serait approuvée avant la fin de l'année, mais des responsables travaillant sur le dossier ont reconnu dans la presse qu'aucun progrès n'a été fait depuis.