Quand Emanuelle L'Heureux s'est présentée à la pompe automatisée d'une station-service de Saint-Lin, elle ne s'imaginait pas que près de 350$ puissent être retenus sur son compte pendant quelques jours... pour un achat de 45$ d'essence.

Quand Emanuelle L'Heureux s'est présentée à la pompe automatisée d'une station-service de Saint-Lin, elle ne s'imaginait pas que près de 350$ puissent être retenus sur son compte pendant quelques jours... pour un achat de 45$ d'essence.

Lorsque les clients paient directement à la pompe, un marchand peut demander une préautorisation avant que les clients ne fassent le plein.

Or, le problème survient quand le montant retenu tarde à disparaître du compte, et que la limite de crédit est ainsi atteinte.

En raison du montant retenu sur leur compte, certaines personnes peuvent voir certains achats leur être refusés après être passées faire le plein.

Selon la responsable du service juridique d'Option consommateurs, Stéphanie Poulin, la procédure peut être problématique parce que les clients ne sont pas nécessairement informés que le montant retenu sur leur carte sera supérieur au coût d'achat.

«Ce qui est dommage, c'est qu'il n'y pas vraiment d'information divulguée au client lors de la transaction. Certains en ont subi des inconvénients et ont eu de mauvaises surprises.»

Procédure normale

Variant généralement entre 75 et 100$, la préautorisation garantit que le client a la marge nécessaire sur sa carte pour payer l'essence.

Il s'agit du même procédé utilisé quand un client réserve une chambre d'hôtel ou une voiture de location.

Le porte-parole de la Pétrolière impériale, Robert Théberge, confirme que la procédure est tout à fait régulière et appliquée depuis longtemps. «Le montant retenu chez Esso est toujours de 100$», précise-t-il.

Mais le marchand peut fixer un montant plus élevé, selon la porte-parole du Mouvement Desjardins, Nathalie Genest.

Si un détaillant fournit beaucoup d'essence à des camionneurs ou des propriétaires de bateau, il peut trouver avantageux d'augmenter le montant de préautorisation.

Selon des explications transmises à La Presse par Visa et Mastercard, les préautorisations affectent effectivement les limites de crédit.

«La réduction du crédit disponible perdure pour une période de temps (habituellement entre trois et cinq jours) avant d'expirer automatiquement», est-il écrit dans une note qui se trouvait jusqu'à tout récemment sur le site internet de Visa.

La porte-parole de Desjardins, Nathalie Genest, assure toutefois que, dans les cas des cartes Visa Desjardins, la limite de crédit n'est pas touchée par le montant des préautorisations.

Marie-Claude Lavigne, porte-parole de la Banque Nationale, explique que le délai d'expiration de la préautorisation dépend du marchand.

«Le montant préautorisé restera sur la carte tant que le marchand n'aura pas retourné la demande de transaction complétée, dit Mme Lavigne. Normalement, ça peut être fait la journée même, mais ça peut aussi prendre quelques jours.»

La solution: le comptoir

Si le client veut éviter tout tracas en payant avec sa carte de crédit, il peut toujours le faire au comptoir. Aucun montant préautorisé ne sera retenu sur sa carte.

La procédure de préautorisation pour l'achat d'essence existe depuis une quinzaine d'années. Mais en Colombie-Britannique, elle est désormais fort répandue.

Depuis le 1er février 2008, la province de l'Ouest oblige tous les clients à payer leur essence avant de faire le plein.

Pour l'instant, aucune autre province n'envisagerait de faire de même, selon le porte-parole de l'Institut canadien des prix pétroliers, Carol Montreuil.

Au Québec, pour des raisons de sécurité et de prévention des pertes, la plupart des stations d'essence obligent le paiement préalable la nuit, à tout le moins sur les pompes moins visibles du préposé.

Selon nos informations, certaines stations québécoises ont toutefois adopté le paiement préalable obligatoire le jour, sur une partie ou la totalité des pompes.