Nombre de banques américaines ne passeront probablement pas 2009 malgré le plan de sauvetage de 700 G$ US du gouvernement fédéral. Mais combien de ces établissements disparaîtront-ils, et comment les autorités gèreront-elles cet aspect de la crise? Là est la question.

Nombre de banques américaines ne passeront probablement pas 2009 malgré le plan de sauvetage de 700 G$ US du gouvernement fédéral. Mais combien de ces établissements disparaîtront-ils, et comment les autorités gèreront-elles cet aspect de la crise? Là est la question.

Fragilisée par les pertes colossales liées aux prêts hypothécaires à haut risque, les désormais fameux «subprimes», la banque vit ses heures les plus difficiles depuis la crise des caisses d'épargne («Savings and loans») au début des années 1990.

À l'époque, plus de 800 institutions bénéficiant de la garantie de l'État fédéral sur les dépôts avaient fait faillite sur trois ans. L'assainissement avait duré dix ans et coûté entre 170 et 205 G$ US aux contribuables américains, en chiffres corrigés de l'inflation.

Le plan Paulson de rachat des créances douteuses devrait sauver certaines institutions, mais les analystes doutent que cela suffise à éviter un grand chambardement. «Cela va aider mais cela ne suffira pas» car de nombreuses banques devront garder des créances à risque, estime Jaret Seiberg, analyste chez Stanford Financial. Il s'attend à l'effondrement d'une centaine de banques aux États-Unis l'an prochain.

Cependant les faillites devraient être beaucoup moins nombreuses qu'à la fin des années 1980 et au début des années 1990, ne serait-ce que parce que le pays compte environ 8000 banques de moins qu'en 1988. Ce qui ne signifie pas que le coût en sera moindre: les établissements sont bien plus gros qu'il y a 20 ans, en vertu de lois adoptées dans les années 1990.

«Je ne vois pas pourquoi les choses seraient si différentes cette fois», avance Joseph Mason, économiste ayant travaillé pour le Trésor américain dans les années 1990 et aujourd'hui professeur de finances à l'Université d'Etat de Louisiane. «On s'est lâché, les gens et les entreprises ont emprunté au-delà de leurs moyens. On a eu une bulle et maintenant, on veut revenir à la normale. Est-ce que ce sera indolore? Non», conclut-il.

La facture s'annonce salée pour le Federal Deposit Insurance Corp. (FDIC), le fonds fédéral qui garantit les dépôts dans les banques et caisses d'épargne à hauteur de 250 000 $ US par compte. Avant le plan de sauvetage, ce plafond était fixé à 100 000 $ US.

En se fondant sur les statistiques remontant à la crise des caisses d'épargne, Joseph Mason estime que la crise actuelle devrait porter sur un total de 1100 G$ US de dépôts, et que l'assainissement devrait cette fois coûter entre 140 et 200 G$ US au FDIC.

Dans les neuf premiers mois de l'année, 13 banques et caisses d'épargne ont fait appel au fonds fédéral, soit plus que durant les cinq dernières années.

Au 30 juin, 117 établissements figuraient sur sa liste noire, soit environ un% seulement des près de 8500 institutions assurées.

En 1991, environ 10% du secteur était inscrit sur la liste du FDIC: on peut donc se demander si le Fonds ne sous-estime pas l'ampleur du problème actuel. On note ainsi que les avoirs des 117 établissements jugés à risque s'élèvent à un total de 78 G$ US, alors que ceux de deux institutions en péril, la Washington Mutual Bank (WaMu) et Wachovia [[|ticker sym='WB'|]], représentent à eux seuls plus de 1000 G$ US.

La faillite de la WaMu, à la fin de septembre, est la plus lourde de l'histoire des États-Unis, avec des avoirs de 307 G$ US, mais le FDIC espère ne rien débourser puisque la banque JP Morgan Chase & Co. [[|ticker sym='JPM'|]] a accepté de reprendre les dépôts et la plupart des actifs de WaMu pour 1,9 milliard $ US.

Les perspectives semblent encore plus sombres si l'on en croit les projections de l'agence Bauer Financial, qui s'appuie sur 25 ans de documents du FDIC pour conclure que 426 banques et caisses d'épargne garanties, soit environ 5% du total, sont confrontées à des problèmes majeurs. Les banques les plus menacées sont concentrées en Californie, en Floride, en Géorgie, dans l'Illinois et le Minnesota.

Mais James Barth, chef économiste de l'agence de régulation du secteur de l'épargne dans les années 1980, juge la situation moins inquiétante qu'à l'époque.

Les plus optimistes pour l'avenir sont assurément les grandes banques en bonne santé comme JP Morgan, Citigroup [[|ticker sym='C'|]] ou Bank of America [[|ticker sym='BAC'|]], qui en profitent pour dévorer des concurrents en difficulté.

Quant aux petits établissements aux comptes relativement sains comme la Clifton Savings Bank, dans le New Jersey, ils espèrent récupérer des clients attirés par une gestion de leur argent «à l'ancienne», moins risquée.