L'idée d'une nouvelle baisse en urgence des taux de la banque centrale américaine gagne du terrain parmi les analystes financiers.

L'idée d'une nouvelle baisse en urgence des taux de la banque centrale américaine gagne du terrain parmi les analystes financiers.

Certains jugent que la Fed pourrait être poussée à agir avant sa prochaine réunion par la détérioration de la conjoncture et la chute de la Bourse.

La Fed avait déjà réduit sans préavis ses taux de trois quarts de point le 22 janvier, avant d'enfoncer le clou une semaine plus tard avec une baisse d'un demi-point, assortie de la promesse d'en faire plus en cas de besoin.

Les marchés ont aussitôt compris qu'elle réduirait encore le loyer de l'argent, sans doute d'un demi-point supplémentaire, lors de sa réunion de mars si l'économie continuait de s'affaiblir.

Le taux directeur de la Fed est actuellement fixé à 3%.

Or de nouveaux nuages sont apparus mardi, puisque le secteur des services, qui est la colonne vertébrale de l'économie américaine, a enregistré en janvier sa première contraction en cinq ans. Aussitôt les craintes de récession ont bondi.

«Ce n'est pas seulement que l'économie est en baisse», note David Rosenberg de Merrill Lynch. «La soudaineté et l'ampleur du déclin révélées par ce rapport augmentent les inquiétudes que nous avons aujourd'hui à affronter une crise beaucoup plus grave que celle de 2001», ajoute-t-il dans une note aux clients.

C'est pourquoi la Fed va selon lui rester extrêmement vigilante «avec une forte chance qu'elle baisse ses taux avant la prochaine réunion» prévue le 18 mars.

M. Rosenberg souligne que la chute d'activité dans les services fait suite à une série de mauvaises nouvelles, allant de la forte baisse des ventes automobiles en janvier jusqu'au durcissement généralisé du crédit annoncé lundi par la Fed, que ce soit pour les prêts aux entreprises ou aux particuliers.

Par exemple, 55% des banques ont indiqué qu'elles ont durci les conditions pour les prêts hypothécaires classiques depuis trois mois, contre 40% en octobre (et 15% seulement en juillet). Or si les banques coupent le robinet du crédit, c'est toute l'économie qui risque de caler faute de liquidités en circulation.

Les marchés, déjà rendus très nerveux par la contraction des embauches en janvier, ont plongé mardi. Les Bourses européennes ont lourdement chuté, et à New York l'indice Dow Jones a perdu 2,93% à 12.265,13 points.

«Les ventes massives enregistrées aujourd'hui ne suffiront pas à pousser la Fed à abaisser ses taux sans préavis», a estimé John Lonski de Moody's Investors Service.

Mais «si la Bourse perd entre 7 et 10% au total», ces jours-ci, «il y a de bonnes chances qu'elle décide d'avancer la baisse des taux qu'elle prévoyait de faire en mars», ajoute-t-il.

Ce faisant, la banque centrale laisserait les marchés financiers dicter le calendrier de son action, ce qui ne manquerait pas de nourrir les critiques.

Mais «la Fed elle-même a reconnu qu'elle se laissait guider par les marchés», note M. Lonski.

Lors de sa dernière réunion, la Fed avait placé les tensions des marchés et le resserrement du crédit tout en haut de son communiqué.

Pour Stephen Gallagher de la Société Générale, il est d'ores et déjà acquis que la banque centrale procède à une baisse d'un demi-point de son taux directeur le 18 mars. Et il n'est pas exclu qu'elle accélère le pas.

«La Fed se fondera sur la performance des marchés et les conséquences du resserrement du crédit sur l'économie pour décider si elle agit avant» sa prochaine réunion, assure l'analyste.