Le ministre fédéral du Commerce international, David Emerson rappelle aux deux candidats démocrates à la présidence, Barack Obama et Hillary Clinton, qu'ils devraient peut-être y penser à deux fois avant de vouloir renégocier l'ALENA

Le ministre fédéral du Commerce international, David Emerson rappelle aux deux candidats démocrates à la présidence, Barack Obama et Hillary Clinton, qu'ils devraient peut-être y penser à deux fois avant de vouloir renégocier l'ALENA

Le ministre Emerson a rappelé mercredi que l'Accord de libre-échange nord-américain garantit aux Américains un accès avantageux au pétrole canadien.

Il a déclaré que la réouverture de cette entente qui lie trois pays ne se ferait pas à sens unique, et que le Canada aurait lui aussi une longue liste de réclamations si l'accord devait être renégocié.

«Il n'y a pas de doutes que si l'ALENA est rouvert, dit-il, nous aurions notre liste de priorités, a dit le ministre. Les observateurs bien informés savent que nous sommes le principal fournisseur d'énergie des États-Unis et que l'ALENA a servi de pierre d'assise à l'intégration du secteur énergétique nord-américain.»

«Quand on va au-delà de la rhétorique et qu'on analyse les détails, ce n'est pas une proposition aussi évidente que ça», précise le ministre.

David Emerson a fait ces commentaires après que les deux rivaux pour l'investiture américaine, Hillary Clinton et Barack Obama, eurent déclaré lors d'un débat mardi soir que s'ils sont élus à la présidence américaine, ils se retireront de l'ALENA si l'entente n'est pas modifiée.

L'ALENA, tout comme les échanges commerciaux amplifiés avec la Chine et d'autres pays où les salaires sont faibles, sont fréquemment dénoncés par les syndicats américains, qui blâment le libre-échange pour la perte de centaines de milliers d'emplois dans le secteur manufacturier des États-Unis.

M. Emerson n'a pas affirmé que le Canada remettrait l'accès au pétrole sur la table, mais cette clause en inquiète plusieurs qui croient que le Canada ne pourrait réclamer de traitement de faveur en cas de crise.

L'ALENA interdit au Canada d'interrompre l'alimentation en pétrole des États-Unis en cas de pénurie mondiale ou de difficultés d'approvisionnement, à moins que l'alimentation des consommateurs canadiens ne soit elle aussi rationnée.

Plus tôt mercredi, le ministre fédéral des Finances, Jim Flaherty, a déclaré que Mme Clinton et M. Obama sont peut-être mal informés au sujet de l'ALENA.

«Les Américains profitent grandement de l'ALENA, et les candidats n'ont peut-être pas eu l'occasion de se familiariser avec les bienfaits qu'en retirent les Américains et l'économie américaine, car on a tendance à dire, "ça profite au Canada" ou "ça profite au Mexique" plutôt que de reconnaître les gains mutuels qui découlent du libre-échange», a-t-il dit.

La plupart des études menées depuis l'entrée en vigueur de l'entente il y a 15 ans ont conclu que les trois pays ont profité d'échanges commerciaux accrus, mais que le Canada et surtout le Mexique ont profité d'un avantage en ce qui a trait à leur balance commerciale avec les États-Unis.

M. Emerson a enfin déclaré que les problèmes économiques actuels des États-Unis ne découlent pas de l'ALENA mais de la crise hypothécaire, et que si l'accord était déchiré, les disputes continueraient à survenir sans qu'on dispose d'un mécanisme de résolution neutre.