À inscrire dans les annales du secteur des affaires: la valeur des fusions et acquisitions d'entreprises canadiennes a atteint 300 G$ en 2007. C'est plus que le PIB de toute l'économie québécoise, soit la production totale de biens et services pendant un an.

À inscrire dans les annales du secteur des affaires: la valeur des fusions et acquisitions d'entreprises canadiennes a atteint 300 G$ en 2007. C'est plus que le PIB de toute l'économie québécoise, soit la production totale de biens et services pendant un an.

«On termine une année exceptionnelle pour la valeur des fusions et acquisitions (F&A), malgré un léger repli du nombre de transactions par rapport à 2006», constate Ian Macdonell, directeur de Crosbie & Co à Toronto, une firme-conseil en F&A qui compile des données à ce sujet.

«La grosse différence en 2007, c'est qu'il y a eu quelques très grosses transactions, d'une ampleur sans précédent, qui gonflent la valeur totale», poursuit-il.

Ce sont deux transactions touchant des entreprises montréalaises qui ont eu le plus d'impact en 2007. Ces transactions, qui représentent près du tiers de la somme totale des F&A, pourraient avoir à moyen terme des répercussions considérables sur l'économie de Montréal et de tout le Québec.

La plus marquante est bien sûr l'achat du géant canadien des télécommunications BCE (Bell Canada Entreprises) par la caisse de retraite Teachers de Toronto et deux partenaires américains.

C'est l'acquisition la plus chère jamais réalisée au Canada: 51,7 G$ au dernier compte. Les conséquences pour l'empire Bell demeurent cependant nébuleuses en raison de l'énorme dette contractée.

«Cette transaction est assez typique de la vague de F&A de nature plus financière, plutôt que de consolidation d'affaires, qui a déferlé jusqu'à la crise du crédit du mois d'août», commente Jeff Barnes, chef du service de F&A chez Heenan Blaikie, l'une des plus grosses firmes d'avocats du milieu financier de Toronto.

«Cette vague était alimentée par l'accès relativement facile au crédit. Mais ce contexte favorable a pris fin abruptement, avec des impacts forts aux États-Unis, ajoute-t-il. Au Canada, au moins, les paramètres financiers de ces transactions étaient plus modestes.»

Par ailleurs, malgré un changement d'actionnaires, Bell Canada demeure sous contrôle canadien, comme l'obligent les règles fédérales sur les entreprises de télécommunications.

C'est tout le contraire d'Alcan, fleuron montréalais de l'aluminium. Son acquisition par le géant minier et métallurgique Rio Tinto, de Londres, au coût de 38,1 G$ US, suscitera encore beaucoup de questions.

Certes, Alcan conserve au Québec des actifs primordiaux de production d'aluminium primaire et d'énergie hydroélectrique. Mais quelles seront à l'avenir ses priorités d'affaires, maintenant que le siège social mondial d'Alcan à Montréal n'est plus qu'une direction divisionnaire de l'aluminium au sein de l'empire Rio Tinto?

De plus, Rio Tinto est elle-même dans la ligne de mire de sa rivale BHP Billiton, dirigée à partir de l'Australie. BHP pourrait aussi s'associer des capitaux de Chine pour réaliser une mégafusion de plus de 100 G$ US.

Entre-temps, dans le secteur des métaux au Canada, c'est aussi toute la grosse sidérurgie qui est passée en mains étrangères en 2007. Des transactions qui ont totalisé plus de 10 G$.

En Ontario, Stelco, tout juste redevenue solvable, a été acquise au coût de 1,1 G$ US par l'américaine US Steel. Pour sa part, Algoma a été achetée pour 1,85 G$ par un groupe indien, Essar Steel. C'est cependant une aciérie de Regina, Ipsco, devenue transfrontalière depuis des années, qui a obtenu le plus gros prix: 7,7 G$ US versés par le groupe suédois SAAB Svenskt.

Le secteur pétrolier actif

Ailleurs, pour la deuxième année consécutive, d'autres importantes acquisitions d'entreprises canadiennes de ressources meublent le palmarès des F&A en 2007.

Dans le secteur pétrolier, Western Oil Sands et Northern Oil Sands (sables bitumineux) ainsi que PrimeWest Energy (pétrole, gaz) ont attiré en tout 15 G$ d'acheteurs des États-Unis, de Norvège et d'Abou Dhabi, une principauté arabe.

Dans le secteur minier, après les mainmises étrangères sur Inco et Falconbridge en 2006, l'année qui s'achève a vu Lion Ore Mining (zinc) passer sous propriété russe pour 6,8 G$ US.

De plus, la société nucléaire française Areva a misé 1,6 G$ US pour la productrice d'uranium UraMin.