L'industrie aéronautique doit réexaminer son modèle d'affaires, basé sur la participation de grands partenaires étrangers à la conception et à la réalisation de nouveaux appareils.

L'industrie aéronautique doit réexaminer son modèle d'affaires, basé sur la participation de grands partenaires étrangers à la conception et à la réalisation de nouveaux appareils.

C'est ce modèle qu'utilise notamment Bombardier pour ses biréacteurs régionaux et qu'elle entend utiliser pour la CSeries.

Or, des problèmes d'harmonisation entre les partenaires ont contribué à retarder de près de deux ans la livraison du premier A380 d'Airbus. Boeing a également connu des délais avec son Boeing 787, le Dreamliner.

«Les programmes sont en retard, il y a quelque chose qui cloche, a observé Philippe Jarry, directeur du marketing des avions futurs chez Airbus. Est-ce que nous avons été trop loin? Est-ce que nous avons bien intégré le tout? Je pense qu'il y aura un examen honnête.»

Il a expliqué qu'Airbus avait choisi le modèle de partenariat un peu par la force des choses: à ses débuts, en 1969, les manufacturiers des pays européens avaient réalisé qu'ils n'arriveraient pas à créer un appareil français, ou un appareil allemand, ou un appareil espagnol. Il fallait travailler tous ensemble sur un appareil européen.

Mais avec l'A380, Airbus est allée plus loin sur la voie du partenariat, sans veiller à harmoniser pleinement les outils de conception et de réalisation.

«Chaque partenaire a dit que ce ne serait pas facile, mais que ça allait marcher quand même, a commenté M. Jarry. C'était une sottise.»

Airbus étudie maintenant ce qui s'est passé pour essayer de ne pas répéter les mêmes erreurs avec l'A350.

«Dans toute l'histoire industrielle, chaque programme reflète les succès et les difficultés des programmes précédents», a rappelé M. Jarry.

Mais cette fois-ci, c'est toute l'industrie qui doit réexaminer le modèle de partenariats et d'intégration, y compris Bombardier.

«L'expérience de l'A380 et du Boeing 787 va servir à toute l'industrie, a affirmé le directeur du marketing des avions futurs d'Airbus. Je suis sûr que ça va servir à Bombardier, qui fait du travail avec Shorts, en Irlande, et avec AVIC, en Chine.»