Le marché canadien de l'habitation met fin à plusieurs années de records, mais il ne va pas s'écraser pour autant, en particulier au Québec et à Montréal.

Le marché canadien de l'habitation met fin à plusieurs années de records, mais il ne va pas s'écraser pour autant, en particulier au Québec et à Montréal.

«Les prix des logements existants au Canada ont grimpé annuellement de 9 à 11% au cours des six dernières années, mais cette période est révolue pour un petit bout de temps», souligne à La Presse Affaires Pascal-Yvan Pelletier, économiste principal de la Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL).

M. Pelletier prévoit plutôt un maigre 0,3% de hausse de prix cette année et seulement 0,1% en 2009, même si le marché de la revente ne passera pas encore carrément à l'avantage des acheteurs, après des années favorables aux vendeurs. «Si des facteurs fondamentaux comme l'emploi et les taux d'intérêt restent bons, le Canada passera à travers la récession sans chute de prix sur le marché de la revente», dit-il.

«Les bases de l'économie canadienne demeurent beaucoup plus solides qu'aux États-Unis», assure l'économiste de la SCHL. Au Canada, en 2008, les transactions de logements existants reculeront de 13,6%, à 452 225 unités, mais de seulement 4,2%, à 433 375, l'an prochain. «Le ralentissement touchera surtout l'Alberta et l'Ontario. Quant au Québec, qui n'a pas connu de frénésie comme en Saskatchewan, il vivra un ralentissement plus modéré», déclare Pascal-Yvan Pelletier.

Mises en chantier vigoureuses

Et après une septième année d'affilée de mises en chantier qui dépassent le cap des 200 000 unités au Canada, elles vont fléchir beaucoup mais rester tout de même plutôt vigoureuses. Pascal-Yvan Pelletier prévoit en 2008 un recul de 7,1%, à 212 188 mises en chantier, puis une grosse glissade en 2009 de 16,1%, à 177 975 unités.

On a presque entièrement répondu à la demande latente accumulée au cours des années 90, et les constructeurs doivent rester attentifs à la formation de ménages pour anticiper le marché.

Dans la région de Montréal, la SCHL s'attend à un ralentissement des mises en chantier en 2008 de 4%, à 22 300 unités, puis à un recul à 20 100 l'an prochain, souligne de son côté l'analyste Bertrand Recher.

Le marché de la revente est aussi en train de s'équilibrer dans la région, avec une baisse en 2008 de 3,1%, à 42 200 transactions, et une autre de 4% l'an prochain, à 40 500 unités. «De légèrement à l'avantage des vendeurs en 2008, le marché glisse vers l'équilibre», explique Bertrand Recher.

Quant aux prix de la revente à Montréal, ils montent de 5% en 2008, à 266 000$, puis encore de 3,8% l'an prochain, à 276 000$, précise l'analyste.

Les habitations plus abordables, comme généralement les appartements en copropriété et les maisons en rangée, resteront les plus populaires.

Cela s'explique par des données fondamentales de l'économie, comme les bas taux hypothécaires, qui devraient cependant remonter un peu à la fin de 2009, et l'emploi qui doit baisser légèrement en 2008 (-0,2%) et se stabiliser en 2009, malgré la sévère récession aux États-Unis.

Au Québec, la construction résidentielle restera solide au cours des cinq prochaines années, note par ailleurs la SCHL. L'équilibre du marché de la revente va ralentir la demande de logements neufs.

L'augmentation plus faible de la population des 75 ans et plus fera baisser la pression sur les constructeurs de résidences pour les aînés. Les mises en chantier passeront ainsi de 48 000 cette année au Québec à 40 000 en 2012.