La récession qui fait rage aux États-Unis depuis le début de l'année va sévir au moins jusqu'au printemps. Elle sera suivie par une reprise beaucoup plus molle que ce à quoi on a assisté par le passé.

La récession qui fait rage aux États-Unis depuis le début de l'année va sévir au moins jusqu'au printemps. Elle sera suivie par une reprise beaucoup plus molle que ce à quoi on a assisté par le passé.

«Ça s'accélère aux États-Unis depuis le printemps, explique Stéfane Marion. C'est la plus grosse récession du consommateur en 50 ans.»

«Les données de cet automne ne sont pas mauvaises, elles sont affreuses, renchérit François Dupuis. Le plan du président désigné Barack Obama va limiter les dégâts, mais la récession est trop avancée et plus de 2,5 millions d'emplois seront perdus.»

Si les perspectives sont si sombres, c'est que trop d'ajustements sont en cours en même temps: crise de l'immobilier, crise boursière, crise du crédit, crise de la consommation auxquelles s'ajoutera peut-être une crise d'endettement.

Et puis, il y a beaucoup d'interventions politiques dont l'efficacité est difficile à mesurer à ce stade-ci. Il en faudra bien quand même car, comme le souligne Maurice Marchon, «la récession est si sévère parce que la politique monétaire ne donne pas ses effets».

En fait, même si la Réserve fédérale a abaissé de 425 centièmes son taux directeur en 13 mois pour le ramener à 1,0%, emprunter coûte toujours plus cher aux États-Unis, pour les entreprises, les ménages et... les banques. Ces dernières choisissent donc d'empiler des réserves de liquidités plutôt que de prêter. Pour briser ce cercle vicieux, la Fed, tout comme les autres banques centrales, déploie une artillerie inédite qui n'est pas encore parvenue à relancer les activités de prêts aux ménages et aux entreprises.

La Fed pourrait même, selon MM. Dupuis et Leitao, réduire à zéro son taux directeur durant une longue période. Cela compliquerait la vie cependant aux fonds communs de placement du marché monétaire. Si on ajoute leurs frais de gestion, leur rendement serait négatif et inimaginable.

Voilà pourquoi MM. Marion et Marchon pensent qu'elle n'ira pas jusqu'à zéro, bien qu'elle va encore jeter du lest.

M. Marchon craint en outre qu'un taux nul ne favorise la survie d'entreprises zombies.

M. Marion croit que les mesures non conventionnelles de la Fed vont porter fruit d'ici l'été. Compte tenu des liquidités extraordinaires injectées dans l'économie, il faudra dès lors recommencer à hausser les taux. Voilà pourquoi le taux de la Fed sera revenu à 1,0% à la fin de l'an prochain, estime-t-il.

Tous sont d'accord sur le fait que la Banque du Canada n'aura pas à aller aussi loin que la Fed car les banques canadiennes sont les plus solides au monde. De plus, le crédit n'est pas complètement asséché encore de ce côté-ci de la frontière. Mais elle passera à l'offensive à nouveau ce mardi.

Tous les gouvernements se lancent aussi dans des programmes de dépenses en infrastructures ou de stimuli fiscaux dans l'espoir de relancer l'économie.

Si tout cela devait quand même échouer, alors les risques d'une vraie déflation et d'attentes déflationnistes vont augmenter, surtout aux États-Unis. En pareil cas, tout est paralysé car entreprises et particuliers retardent leurs décisions d'achat dans l'espoir de payer moins cher.

En outre, les gens endettés voient leur fardeau augmenter car la valeur de créances augmente en termes réels plutôt que de diminuer dans le temps, comme c'est le cas dans un contexte où les prix augmentent. Prix à la baisse et endettement à la hausse forment le cocktail parfait pour freiner toute relance de la consommation et de la production.

«Personne ne sait vraiment comment procéder pour stabiliser le marché hypothécaire», s'inquiète Carlos Leitao. C'est pourtant par là qu'il faut commencer car c'est là que la présente récession a débuté.

Stéfane Marion revient avec sa touche d'optimisme prudent. «Au Canada, les taux d'intérêt hypothécaires sont plus faibles, ça devrait ralentir la correction sur le marché immobilier.»