«J'ai hâte au retour des vacances des Fêtes. Notre filière de projets de transactions d'entreprises est encore bien remplie.» C'est ainsi que François Tellier, responsable des fusions et acquisitions (F&A) au cabinet comptable Ernst & Young, à Montréal, résume ses attentes pour la prochaine année.

«J'ai hâte au retour des vacances des Fêtes. Notre filière de projets de transactions d'entreprises est encore bien remplie.» C'est ainsi que François Tellier, responsable des fusions et acquisitions (F&A) au cabinet comptable Ernst & Young, à Montréal, résume ses attentes pour la prochaine année.

Pourtant, avec la crise du crédit qui afflige le milieu financier depuis des mois, on entend sur toutes les tribunes d'affaires que le marché des F&A s'est affaissé considérablement.

«C'est le cas pour les grosses transactions qui requièrent des masses de financement par des titres de dette vendus sur les marchés, aux États-Unis surtout», selon M. Tellier.

«Mais dans le marché intermédiaire au Canada et au Québec, c'est-à-dire des transactions d'entreprises de quelques centaines de millions ou moins, c'est demeuré très actif, ajoute-t-il. Et l'année 2008 s'annonce encore très occupée.»

Les prévisions sont semblables chez le concurrent PriceWaterhouseCoopers, à Montréal, où Nicolas Marcoux dirige les activités de F&A.

«Pour les grosses transactions, c'est très calme depuis le déclenchement de la crise du crédit au mois d'août, dit-il. L'impact négatif dans le milieu financier a été instantané.»

«Mais parmi les entreprises de taille intermédiaire, il y a de nombreux projets de consolidation pour lesquels de nombreux fonds d'investissement, qui regorgent de liquidités, montrent un grand intérêt», poursuit-il.

Certes, comme d'autres dans le secteur des F&A, Nicolas Marcoux anticipe un tassement du nombre de transactions, peut-être de l'ordre de 10 à 15%. Et une baisse plus marquée de leur valeur cumulative, avec l'atrophie de mégatransactions.

Mais ce ralentissement devrait être bien moins marqué que la rechute d'un tiers des activités de F&A à laquelle on s'attend dans le milieu de la haute finance en Amérique du Nord.

«Il y a un bon nombre d'entreprises de taille intermédiaire, avec des bilans encore solides, qui recherchent des occasions de consolidation dans leur secteur», souligne M. Marcoux.

«Au Canada et au Québec, aussi, plusieurs entreprises sont devenues plus actives avec des transactions transfrontalières, pour profiter de la force du dollar canadien.»

Secteurs à surveiller

Les secteurs qu'il surveille le plus: l'agroalimentaire, les services financiers, le commerce de détail et les technologies.

«En technologies et en aéronautique, notamment, on a de beaux "écosystèmes" d'affaires dans la région de Montréal. Plusieurs entreprises grandissent bien et lorgnent des projets de F&A à l'étranger», selon Nicolas Marcoux.

C'est le type de transactions que François Tellier, d'Ernst & Young, qualifie de «stratégiques», à la différence des acquisitions d'entreprises par des transactions plus financières, très embêtées par la crise du crédit.

Dans le milieu d'affaires québécois, François Tellier perçoit un intérêt accru des dirigeants d'entreprises saines pour des transactions stratégiques. Aux États-Unis surtout, mais aussi outre-mer.

«C'est notre boulot de démystifier ça pour eux: comment ça se passe et comment ça marche après une importante acquisition. Mais aussi, demeurer attentif aux fondamentaux d'une transaction, malgré un dollar canadien plus fort», souligne M. Tellier.

«L'acquisition d'une entreprise aux États-Unis, par exemple, n'est pas nécessairement une bonne affaire simplement parce que notre dollar a plus de pouvoir d'achat. Car là aussi, les défis de la mondialisation peuvent être très importants.»