L'Allemagne est «au bord de la récession» et ses milieux financiers d'humeur sombre, les Français réticents à consommer, la production industrielle européenne en sursis.

L'Allemagne est «au bord de la récession» et ses milieux financiers d'humeur sombre, les Français réticents à consommer, la production industrielle européenne en sursis.

La journée de mardi a clairement apporté son nouveau lot de mauvaises nouvelles pour l'économie européenne.

Sur fond d'euphorie boursière qui se poursuivait, les signaux les plus négatifs sont venus d'Allemagne, première économie européenne.

Dans leur rapport d'automne, les grands instituts de conjoncture ont évoqué un pays «au bord de la récession», qui connaîtra l'an prochain une croissance de 0,2%, au mieux. Et même un recul de son produit intérieur brut de 0,8% si un «scénario à risque», élaboré au vu de l'incertitude qui règne actuellement, se matérialise.

Pas étonnant donc que, en Allemagne toujours, le moral des acteurs des milieux financiers soit au plus bas: l'indice ZEW d'octobre, qui mesure leurs attentes pour la conjoncture, a chuté brutalement et plus que prévu, à -63 points. Cela signifie que les milieux financiers s'attendent à une nette dégradation de la conjoncture dans les six mois à venir.

Bémol de taille, le sondage du ZEW a été effectué en pleine tourmente financière et avant l'annonce par plusieurs chefs de gouvernement européens, dont la chancelière Angela Merkel, de mesures de soutien aux banques.

«Le plan de secours du gouvernement qui vient d'être décidé devrait toutefois aider à stabiliser la situation», jugeait d'ailleurs mardi le président de l'institut ZEW, Wolfgang Franz.

Les Bourses européennes ont réagi avec enthousiasme aux mesures annoncées lundi en Allemagne, et au même moment en France, en Italie et en Autriche. Mais il n'en reste pas moins que l'assombrissement des perspectives pour l'économie réelle est bien là, et parti pour durer.

La production industrielle a augmenté de 1,1% en zone euro en août, selon des chiffres publiés mardi à Bruxelles, une accalmie due principalement à la performance de l'Allemagne (+3,3%), dont les analystes ont déjà prévenu qu'elle n'était pas appelée à durer.

De surcroît le rebond d'août au niveau européen «arrive après trois mois consécutifs de baisse», note Jennifer McKeown, de Capital Economics, pour qui «le secteur industriel est presque certainement en récession».

Dans plusieurs secteurs de l'économie, par exemple dans les machines-outils, «le temps des succès sensationnels où un record de production venait chasser l'autre (...) est fini pour le moment», a reconnu mardi le président de la fédération du secteur, Manfred Wittenstein.

Car même si les choses vont encore relativement bien sur place, la branche est fortement tournée vers l'exportation et pâtira bientôt du ralentissement de la conjoncture ailleurs.

L'automobile aussi est sérieusement malade, avec des suspensions de production sur plusieurs sites, notamment d'Opel, en Allemagne.

En France, moins dépendante de l'industrie que sa grande voisine, c'est la consommation des ménages qui inquiète plus. L'inflation a reculé en septembre, tout comme d'ailleurs en Espagne, en Italie et en Hongrie, selon des chiffres publiés mardi.

Mais «pour la consommation, le mal est déjà fait», commente Alexander Law, analyste chez Xerfi. Le recul des prix en France reflète certes la détente des cours du pétrole mais aussi «hélas, une demande en berne», explique l'analyste: «préoccupés par leur pouvoir d'achat et par la dégradation des conditions sur le marché du travail, les Français ont également dû faire face à un environnement économique anxiogène».

Et regardé d'autant à la dépense.