Le groupe Tata a abandonné vendredi son usine devant produire dans l'est de l'Inde la voiture la moins chère du monde, après des mois de conflit avec des paysans hostiles, un mauvais coup porté au géant asiatique en quête d'investissements industriels locaux et étrangers.

Le groupe Tata a abandonné vendredi son usine devant produire dans l'est de l'Inde la voiture la moins chère du monde, après des mois de conflit avec des paysans hostiles, un mauvais coup porté au géant asiatique en quête d'investissements industriels locaux et étrangers.

La filiale Tata Motors, premier groupe automobile du pays, qui avait fait sensation en mars en achetant à Ford ses fleurons Jaguar et Land Rover espérait lancer ce mois-ci sa Nano, vendue au prix record de 2 500 $.

Ce mini véhicule à ultra bas coûts devait être assemblé dans une usine achevée à 90% à Singur, près de Calcutta, capitale du Bengale occidental.

Mais Ratan Tata, président du conglomérat éponyme, a annoncé que son groupe quittait le site.

«Vous ne pouvez pas faire tourner une usine sous protection policière, lorsque des bombes y sont jetées, lorsque des ouvriers y sont intimidés», a-t-il dénoncé lors d'une conférence de presse à Calcutta, retransmise sur toutes les télévisions.

Le chantier était au point mort depuis un mois.

Un grave conflit opposait Tata, soutenu par le gouvernement communiste du Bengale occidental, à des fermiers, épaulés par des militants politiques, ulcérés par la réquisition de terres agricoles pour en faire un parc industriel.

Ces manifestants, aidés par la chef du parti régional du Congrès Trinamool, Mme Mamta Banerjee, accusaient le Bengale occidental et Tata d'avoir forcé des paysans à vendre leurs terres pour accueillir Tata et ses équipementiers.

«Si quelqu'un m'avait posé un pistolet sur la tempe, je ne me serais pas retiré. Mais je crois que Mme Banerjee a appuyé sur la détente», a fustigé M. Tata, au terme de semaines de tractations, menaces et chantages entre tous les protagonistes de la crise.

M. Tata avait menacé de délocaliser la chaîne de production de la Nano, bien que son groupe ait investi 350 M$ à Singur pour sortir 250 000 unités par an de cette auto rudimentaire destinée aux Indiens circulant en motocyclette.

Après avoir dévoilé au monde entier en janvier sa Nano, Tata Motors, qui dispose d'autres usines d'automobiles en Inde, a averti ne pas savoir quand la voiture sera prête.