La banque espagnole Santander a annoncé lundi qu'elle allait reprendre, via la banque britannique Abbey qu'elle possède déjà, les quelque 200 succursales et les comptes clients de la banque britannique en difficulté Bradford & Bingley (B&B).

La banque espagnole Santander a annoncé lundi qu'elle allait reprendre, via la banque britannique Abbey qu'elle possède déjà, les quelque 200 succursales et les comptes clients de la banque britannique en difficulté Bradford & Bingley (B&B).

«Les comptes de détail et le réseau de succursales vont être repris par Abbey. Les détails seront communiqués ultérieurement», a indiqué dans la nuit de dimanche à lundi un porte-parole de Santander.

Par ailleurs, a indiqué dimanche la presse britannique, le gouvernement devrait annoncer parallèlement qu'il nationalise les quelque 50 milliards de livres (63,5 milliards d'euros) d'actifs de B&B, dont un peu plus de 41 milliards de livres de prêts immobiliers.

Santander, propriétaire d'Abbey depuis 2004, vient également d'acheter la banque britannique Alliance & Leicester, pour 1,33 milliard de livres et une injection d'un milliard de livres au capital. Le rachat sera définitif le 10 octobre.

Avec l'accord conclu dimanche, elle récupérerait de surcroît les 2,5 millions de clients de B&B et leurs 22,2 milliards de livres d'épargne.

La BBC a indiqué que les crédits immobiliers repris par le gouvernement pourraient être transmis à Northern Rock, première victime de la crise du crédit dans le pays en septembre 2007, et nationalisée en février.

Le gouvernement n'a encore rien dit officiellement, mais des annonces, de sa part et de la part de Santander, sont attendues avant l'ouverture des marchés, et probablement à 06H00 GMT lundi sous forme de communiqués à la Bourse de Londres.

La secrétaire général du Trésor Yvette Cooper a simplement assuré dimanche que les épargnants de B&B seraient protégés. «Nous avons toujours dit clairement que la priorité était de s'assurer que les petits épargnants seraient bien protégés, mais également que nous étions en mesure de soutenir la stabilité du système bancaire dans son ensemble», a-t-elle dit.

Rien ne semble cependant prévu encore pour les 900 000 actionnaires de la banque, qui a vu son cours divisé par quinze en un peu plus d'un an, et le sort des 3000 employés semble précaire aussi, alors même que B&B a annoncé 370 suppressions d'emplois la semaine dernière.

Depuis quelques semaines, le sort de la banque, huitième du pays par la capitalisation, avait empiré. Le groupe, spécialisé dans l'investissement locatif, avait dû annoncer des pertes semestrielles de 26,7 millions de livres, une augmentation de capital de 400 millions de livres n'avait trouvé preneurs qu'à hauteur de 28%, tandis que les agences de notation avaient dégradé ses notes de crédit à des niveaux dangereux.

Le responsable des Finances dans le cabinet fantôme conservateur, George Osborne, a souligné «l'énorme risque» encouru selon lui par le contribuable si B&B est bel et bien partiellement nationalisée.

Le porte-parole des Libéraux démocrates Vince Cable a au contraire estimé qu'en l'absence d'un repreneur privé qui reprenne l'ensemble des activités, c'était «la solution la moins pire».

B&B est la quatrième banque britannique à tomber depuis l'été 2007, après Northern Rock, Alliance & Leicester et HBOS, la plus grosse des quatre, qui vient d'être rachetée par sa rivale Lloyds TSB.

Santander, très épargnée par la crise du crédit, fait preuve pour sa part actuellement d'un formidable appétit d'acquisitions, à un moment de grande tension où les actifs bancaires sont bradés et où l'arrivée d'un repreneur est généralement accueillie à bras ouverts.

L'Espagnole, qui a déjà participé l'an dernier au démantèlement de la Néerlandaise ABN Amro, aux côtés de la belge Fortis à son tour en difficulté, et de Royal Bank of Scotland, a été citée la semaine dernière comme faisant partie des banques intéressées par Wachovia, la quatrième banque américaine, aux côtés de deux autres américaines, Wells Fargo et Citigroup.

Elle a également été ce mois-ci en concurrence malheureuse avec la Deutsche Bank pour acquérir une part de 50 à 100% dans une autre allemande, Postbank.