Automobiles, disques compacts, sac de couches les consommateurs s'insurgent parce que les prix des produits restent 18% plus élevés qu'aux États-Unis, même si le huard est presque à parité depuis un an.

Automobiles, disques compacts, sac de couches les consommateurs s'insurgent parce que les prix des produits restent 18% plus élevés qu'aux États-Unis, même si le huard est presque à parité depuis un an.

Mais peu de Canadiens réalisent qu'ils paient le double du prix pour leurs médicaments génériques, depuis des années.

En fait, le prix des génériques vendus sur ordonnance en 2007 était 112% plus élevé que le prix des mêmes génériques vendus aux États-Unis, selon une étude de l'Institut Fraser.

L'écart de prix s'est un peu rétréci par rapport à l'année dernière (115%), mais il demeure beaucoup plus large qu'en 2003 (78%).

«Les Canadiens continuent de payer les médicaments génériques provenant des États-Unis à des prix largement gonflés», a commenté Brett Skinner, directeur de la recherche des politiques en santé à l'Institut Fraser.

L'Institut a analysé un échantillon de 100 produits génériques qui représentent plus de la moitié du marché. Dans certains cas, la différence de prix est encore plus impressionnante.

Par exemple, l'Amoxicillin (un antibiotique très souvent prescrit) est 186% plus cher au Canada. Le prix de l'anti-inflammatoire Naproxen est 220% supérieur au Canada. Et le Simvastatin (utilisé pour le contrôle du cholestérol) coûte 694% plus cher qu'aux États-Unis.

Au total, les consommateurs paient 2,9 milliards à 7,5 milliards de trop, estime l'Institut Fraser. Non seulement les prix sont trop élevés, mais les médicaments génériques sont trop peu utilisés.

Au Canada, les médicaments génériques forment 48% de toutes les ordonnances, beaucoup moins qu'aux États-Unis où les génériques représentent 67% des ordonnances.

Comme le coût d'un médicament générique y est nettement inférieur au coût de la version originale, les Américains sont encouragés à opter pour le générique.

Au Canada, les gouvernements ont mis en place différentes mesures pour forcer les patients à choisir la version générique. Mais ils ont échoué, constate l'Institut Fraser, apôtre de la libre concurrence.

Au contraire, leurs politiques «font en sorte que les compagnies pharmaceutiques qui fabriquent des médicaments génériques ne profitent pas du marché libre qui permettrait de réduire les prix», a exposé M. Skinner.

Par exemple, les programmes d'assurance médicaments remboursent directement les pharmaciens, si bien que les consommateurs ne voient pas la facture réelle du médicament. Ainsi, ils n'ont pas le réflexe de magasiner.

Aussi, les programmes provinciaux ont établi le prix des génériques (ex: les génériques se vendent 70% du prix du breveté). Mais leurs ententes stipulent que leur fournisseur leur garantit le prix le plus bas au Canada. Cela tue dans l'oeuf toute guerre de prix entre les différentes compagnies pharmaceutiques qui produisent le même générique.

«Les gouvernements ont mis en place des mécanismes qui ne favorisent pas l'établissement d'un climat de libre concurrence», confirme Johanne Brosseau, conseillère principale chez Aon Conseil.

Paradoxalement, les Canadiens paient nettement moins cher leurs médicaments d'origine (sous brevet) que les Américains. Les prix étaient 53% moins élevés qu'aux États-Unis en 2007, toujours selon l'institut Fraser.

Comme les médicaments d'origine forment à peu près les trois quarts des dépenses en médicaments, on peut estimer que les Canadiens paient leurs médicaments moins cher que les Américains, dans l'ensemble.

Si les médicaments d'origine sont moins chers, c'est en bonne partie grâce au Conseil d'examen du prix des médicaments brevetés. Son rôle est d'établir un prix plafond pour les médicaments, en tenant compte des coûts de production des sociétés pharmaceutiques ainsi que des prix comparables dans d'autres pays. Le fédéral a déjà songé à élargir le mandat de cet organisme aux médicaments génériques.

L'Association canadienne du médicament générique n'a pas été en mesure de commenter l'étude hier. Mais année après année, elle met en doute la méthodologie de l'étude de l'Institut Fraser, l'accusant même d'être biaisé.