Récemment licencié du contentieux de Bell Canada, un jeune avocat techno-freak a décidé de se lancer en affaires dans un créneau encore inexploité au Québec: le mariage du droit et de la technologie.

Récemment licencié du contentieux de Bell Canada, un jeune avocat techno-freak a décidé de se lancer en affaires dans un créneau encore inexploité au Québec: le mariage du droit et de la technologie.

«Yes!» D'habitude, la plupart des gens dépriment lorsqu'ils perdent leur emploi. Pas Dominic Jaar. Cet avocat de 30 ans a plutôt eu une réaction inverse en juillet dernier lorsque lui et une douzaine d'avocats du contentieux de Bell Canada -près du tiers de l'équipe!- ont été licenciés, dans la foulée du plan de restructuration annoncé quelques semaines plus tôt.

«Je m'y attendais», dit-il, alors que nous sommes attablés devant un café chaud d'un Tim Hortons, à Montréal. Embauché chez Bell en 2005 comme conseiller juridique en litige commercial, il travaillait en fait depuis quelque temps à un projet spécial -la gestion de l'information-, projet certes intéressant, mais qui n'avait rien à voir avec le secteur principal de l'entreprise, ce sur quoi la nouvelle direction a décidé de se concentrer.

Alors, quand la nouvelle est tombée, il n'a pas été surpris ni chamboulé outre mesure. Surtout que ce licenciement arrivait à point nommé pour démarrer un projet qui cogitait dans son esprit depuis plusieurs années et qu'il avait toujours remis à plus tard.

«Ce fut le coup de pied dans le cul dont j'avais besoin pour prendre une décision!» dit le jeune papa de deux enfants, qui n'a pas la langue dans sa poche.

Ce projet s'appelle aujourd'hui Ledjit (www.ledjit.ca), une entreprise de consultation dont la mission est, selon les propres mots de son fondateur, d'offrir des services qui font «le pont entre le droit et les technologies».

Dominic Jaar aurait pu retourner en pratique privée, comme en début de carrière. D'ailleurs, plusieurs cabinets lui ont fait de l'oeil depuis qu'il quitté Bell. Mais non, il avait vraiment envie de plonger tête première dans l'inconnu.

Il est vrai qu'avec sa généreuse indemnité de départ reçue de Bell, il a pu rapidement se mettre au boulot. Dès le lendemain de son licenciement, il déménageait toute sa paperasse chez lui et se mettait à rédiger un plan d'affaires. Durant deux semaines, 16 heures par jour, il a peaufiné son idée qui a abouti à un simple document d'une douzaine de pages, mais qui résume assez bien l'offre de son entreprise.

Ledjit fait de la consultation dans quatre domaines: en gestion de l'information, en droit et technologies de l'information, en administration de la preuve électronique et en gestion de la pratique. Du jargon pour la plupart du monde, mais un créneau porteur, surtout au Québec où, en général, les juristes ont moins qu'ailleurs appris à intégrer la techno à leur pratique. Ses clients sont d'ailleurs justement des contentieux de moyennes et grandes entreprises ainsi que des grands cabinets d'avocats.

Comment gérer la preuve électronique?

L'un de ses dadas est la consultation dans l'administration de la preuve électronique, discipline mieux connue en anglais sous le terme e-discovery, et dont le corpus de connaissances ne cesse de s'élargir.

De plus en plus populaire aux États-Unis et dans le reste du Canada, l'e-discovery n'en ait qu'à ses premiers balbutiements au Québec. Tous les avocats de tous les domaines de pratique, pas seulement les plaideurs, devront néanmoins se familiariser avec cette nouvelle réalité et les incidences des documents électroniques sur leur pratique. Normal, l'utilisation de la technologie dans la vie de tous les jours de même que l'imposant volume d'information électronique que cela entraîne (courriels, documents, base de données, etc.) nécessitent, lors d'un procès par exemple, une approche quelque peu différente de l'administration de documents papier.

Car il y a des façons de supprimer ou de conserver de l'information électronique. Si c'est fait correctement, l'info pourra être admise en preuve; une erreur de procédure, et c'est tout le procès qui peut s'écrouler. De plus, la conservation, la révision et la communication d'importants volumes de données électroniques peuvent entraîner des délais et des coûts importants. Comment maximiser tout ça?

Dominic Jaar le sait, lui. Et on peut le consulter pour un tas de trucs qui font appel aussi bien à ses connaissances technos qu'à son expertise en droit. Par exemple, lors d'un litige, on peut l'embaucher pour porter un jugement sur l'information électronique qui doit être recueillie et sur comment l'obtenir. Il peut aussi intervenir pour interroger les témoins clés afin de déterminer où se trouve l'information électronique pertinente. Dans le disque dur? Dans une clé USB? Sur un DVD? «L'important est de recueillir l'information sans porter atteinte à l'intégrité du document», explique-t-il.

Pour l'instant, Dominic Jaar est seul dans son entreprise. Mais à faire des présentations dans les grands bureaux au rythme actuel, il aura assurément besoin d'aide plus tôt que prévu.

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