Q Quels étaient les objectifs du plan de sauvetage rejeté hier?

Q Quels étaient les objectifs du plan de sauvetage rejeté hier?

R Le plan visait à ajouter des liquidités dans le système bancaire pour le renflouer et ainsi ramener une situation plus facile sur le plan du crédit. En allant chercher les plus mauvaises créances détenues par les institutions financières, le plan visait à stimuler à nouveau les échanges interbancaires.

Q Pourquoi les marchés ont-ils réagi si violemment?

R Les marchés n'ont visiblement pas apprécié le plan, car la chute s'est amorcée dès l'ouverture, avant même son rejet. Les investisseurs ont sans doute remarqué que les 700 milliards évoqués pourraient ne jamais être intégralement injectés. La moitié de cette somme aurait dû être approuvée encore une fois par le Congrès au moment d'être débloquée. Il faut aussi dire que les mauvaises nouvelles d'Europe et d'Asie n'ont fait qu'alimenter l'incertitude en matinée.

Le rejet-surprise du plan d'aide américain a précipité la chute. Les investisseurs craignent que les banques, à court de liquidités, diminuent les prêts, affectant ainsi l'économie réelle.

Q Est-ce un krach boursier?

R Ce n'est pas un krach boursier. Généralement, on considère comme un krach un recul journalier de plus de 10%. Le 19 octobre 1987, date du dernier krach à la Bourse de New York, le Dow Jones avait perdu 22,61% de sa valeur, ce qui est bien loin de la baisse de 6,98% enregistrée hier.

L'originalité de la journée d'hier réside dans le fait qu'il s'agit du plus fort recul de l'indice quant au nombre de points. On peut le considérer comme une correction violente.

Q Comment peut-on situer cette correction par rapport aux autres reculs connus dans les dernières années?

R Les attentats du 11 septembre 2001, la crise asiatique ou la crise de confiance après la déroute d'Enron ont tous entraîné de fortes chutes des indices boursiers. Voici une liste des cinq plus fortes baisses du Dow Jones, excluant le krach d'octobre 1987:

> 27 octobre 1997: -7,18% (crise asiatique)

> 17 septembre 2001: -7,13% (après les attentats du 11 septembre)

> 29 septembre 2008: -6,98% (crise financière américaine)

> 31 août 1998: -6,37% (crise financière russe)

> 14 avril 2000: -5,66% (éclatement de la bulle techno)

Q Qu'en est-il du S&P/TSX, principal indice boursier canadien?

R À Toronto, la baisse de 6,93% du S&P/TSX enregistrée hier est la plus importante depuis la baisse de 8,12% du 25 octobre 2000, lors de l'affaissement de Nortel.

Mais en points (890,93), c'est la plus forte de l'histoire de cette place boursière. Cela représente une perte d'environ 100 milliards de dollars en valeur boursière en une seule journée. Moins d'une heure avant la fermeture des marchés, le plongeon avait atteint 955 points.

Il faut noter qu'en plus du rejet du plan américain, la baisse du prix du pétrole n'a rien fait pour aider le TSX.

Q Doit-on craindre la poursuite de la descente boursière?

R Tout dépendra des nouvelles qui concerneront un éventuel nouveau plan. Les marchés s'attendent à une réponse. Plus on attend, plus l'impact risque de se faire sentir sur l'économie réelle, parce que le crédit restera difficile. Les marchés n'aimeront pas.

Peut-être aussi n'y aura-t-il pas de nouveau plan, mais on peut encore imaginer des actions des banques centrales pour abaisser de façon concertée les taux d'intérêt. On peut aussi imaginer un plan concentré sur Main Street (l'économie réelle) plutôt que sur Wall Street, notamment en ce qui concerne le marché immobilier américain et les taux hypothécaires.

Toujours est-il que la crise financière n'est pas terminée. D'autres banques pourraient faire faillite par manque de liquidités.

LA CRISE FINANCIÈRE EN 10 MOMENTS

D'après l'Agence France-Presse

Février 2007

Les défauts de paiements sur les crédits subprimes se multiplient aux États-Unis et provoquent les premières faillites d'établissements bancaires spécialisés.

22 janvier 2008

La banque centrale américaine (Fed) baisse son taux directeur de trois quarts de point à 3,50%, une mesure d'une ampleur exceptionnelle. Il sera progressivement abaissé à 2% entre janvier et la fin avril.

17 février

La banque Northern Rock est nationalisée par le gouvernement britannique.

16 mars

JPMorgan Chase annonce le rachat de la banque d'affaires américaine Bear Stearns à un prix bradé.

7 septembre

Le Trésor américain met les géants du crédit hypothécaire Freddie Mac et Fannie Mae sous tutelle.

15 septembre

La banque d'affaires Lehman Brothers dépose son bilan, tandis que l'une des principales banques américaines, Bank of America, annonce le rachat de Merrill Lynch.

15 septembre

Dix banques internationales mettent en place un fonds de liquidités de 70 milliards de dollars pour faire face à leurs besoins les plus urgents, alors que les banques centrales ouvrent les vannes du crédit.

16 septembre

La Fed et le gouvernement nationalisent de facto l'assureur AIG en lui apportant une aide de 85 milliards de dollars en échange de 79,9% de son capital.

26 septembre

La banque JPMorgan prend le contrôle de sa concurrente Washington Mutual avec l'aide des autorités fédérales.

Hier

La Chambre des représentants américaine rejette le plan de sauvetage. Wall Street dégringole. Plus tôt, la banque américaine Citigroup avait annoncé qu'elle prenait le contrôle de sa concurrente Wachovia avec l'aide des autorités fédérales.

À consulter

Notre dossier sur la crise financière