La libération de plusieurs otages des FARC, début juillet, a redonné le moral aux Colombiens. Les investisseurs étrangers sont courtisés, en particulier les Canadiens, depuis la signature d'un traité de libre-échange avec la Colombie.

La libération de plusieurs otages des FARC, début juillet, a redonné le moral aux Colombiens. Les investisseurs étrangers sont courtisés, en particulier les Canadiens, depuis la signature d'un traité de libre-échange avec la Colombie.

À Bogota, les économistes appellent cela «l'effet Ingrid». Dans les jours qui ont suivi la libération d'Ingrid Betancourt, la Bourse de Bogota et le peso colombien, déjà fort face au dollar, ont grimpé. Simple coïncidence?

Non: «logique», explique Mauricio Cardenas, un homme aux larges épaules et à la bouille ronde. Actuel patron du groupe de réflexion Fedesarrollo, l'ex-ministre de l'Économie explique: «La sécurité a historiquement été le talon d'Achille de notre économie, qui commençait à ralentir après une année 2007 record (NDLR, croissance de 7,5% du PIB). La libération des 15 otages accroît la confiance dans les institutions et la sécurité du pays.»

Double détente

L'«effet Ingrid» est à double détente. D'abord, il dope la confiance des Colombiens. «Cela n'a rien d'anodin, quand on sait que la consommation interne a été le vrai moteur de la croissance de ces dernières années», souligne Mauricio Cardenas.

Illustration de la joie des ménages, Lorenza Bahamon, jeune architecte de 29 ans, fin ruban rose au cou, confessait le jour de la libération des otages: «On devrait faire du 2 juillet un jour de fête nationale! Même moi qui n'aimais pas le président, je me sens pro-Uribe aujourd'hui.» Les analystes prévoient désormais plus d'achats de biens immobiliers ou de produits électroménagers, de quoi revitaliser la consommation.

Ensuite, le succès de l'opération «Échec» va, selon les experts, attirer plus d'investisseurs étrangers. «Le président Alvaro Uribe a réalisé un mandat historique, dit Juan Carlos Echeverry, professeur à l'université Los Andes de Bogota. Les investissements étrangers ont augmenté à presque 10 milliards de dollars par an, contre 2 milliards lors de son élection en 2002.»

Aujourd'hui, la Colombie est la quatrième destination des investisseurs étrangers en Amérique latine, après le Brésil, le Mexique et le Chili, mais devant l'Argentine, selon la Commission économique pour l'Amérique latine et les Caraïbes des Nations unies (Cepal).

«Grâce à la libération, je pense que l'appétit étranger pour la Colombie va s'accroître», estime Alonso Salazar Jaramillo, le maire de Medellin.

Parcourir la jungle, la côte et les montagnes de Colombie permet de constater la forte présence de multinationales et de PME étrangères. Par exemple, la firme française d'équipements de stations de sport d'hiver Poma a révolutionné les transports en commun avec ses télécabines à Medellin, la deuxième ville colombienne. Les sociétés canadiennes ne manquent pas à l'appel, en particulier dans les secteurs des mines, de l'exploration pétrolière et de l'imprimerie.

Bombardier

Les besoins paraissent importants dans les transports publics. Bombardier vient de remporter un contrat visant la fourniture d'un système de signalisation par radio pour une ligne de transport de charbon. Réconciliés, Alvaro Uribe et le président vénézuélien, Hugo Chavez, veulent en outre construire une liaison ferroviaire entre les deux pays. Au chapitre du commerce, Ottawa exporte surtout du blé, de l'orge et des lentilles vers Bogotá.

En 2007, les échanges de marchandises entre le Canada et la Colombie ont dépassé 1 milliard de dollars canadiens. Ils devraient encore s'envoler grâce au nouveau traité de libre-échange signé en juin. Le texte instaure notamment une plus grande protection juridique pour les entreprises canadiennes qui investissent en Colombie.

«Non seulement les entreprises étrangères se plaisent en Colombie, mais en plus elles augmentent leurs investissements!» s'enthousiasme Frédéric Mettetal, chef de la mission économique française à Bogota. «Il y a des occasions à saisir, mais il faut prévoir quelques lenteurs administratives, ne pas lésiner sur les moyens pour connaître le marché et prendre un bon avocat afin de trouver un partenaire local fiable», ajoute un délégué commercial étranger.