Le président et chef de la direction de la chaîne de dépanneurs Alimentation Couche-Tard (T.ATD.B), Alain Bouchard, a repris lundi un discours qui avait fait sa marque dans les années 1990: la lutte contre la contrebande de cigarettes.

Le président et chef de la direction de la chaîne de dépanneurs Alimentation Couche-Tard [[|ticker sym='T.ATD.B'|]], Alain Bouchard, a repris lundi un discours qui avait fait sa marque dans les années 1990: la lutte contre la contrebande de cigarettes.

Dans une allocution prononcée à la tribune du Cercle canadien de Montréal, M. Bouchard s'en est d'abord pris aux «ayatollahs de la santé», qui sont souvent, d'après lui, «plus démagogues que certains animateurs de radio».

«Les fumeurs sont des citoyens à part entière, a-t-il lancé. Ils payent des taxes. Ils en payent moins longtemps, mais ils en payent plus. Il faut respecter nos fumeurs.»

Le dirigeant a rappelé que la contrebande de tabac, après un recul au début des années 2000, avait repris de plus belle.

Selon lui, près de 40 pour cent des cigarettes vendues au Québec proviennent actuellement du marché noir. Les pertes fiscales liées à la contrebande sont passées de 118 M$ en 2002 à 275 M$ en 2006, estime Revenu Québec.

«Les contrebandiers ont maintenant une masse critique, a soutenu Alain Bouchard. Ils sont assez de ventes pour pouvoir ajouter d'autres produits, comme de l'alcool de contrebande et de la marijuana.»

M. Bouchard a glissé à la blague que pour concurrencer les contrebandiers, ses magasins pourraient toujours se lancer dans la vente de marijuana, mais qu'avant d'en arriver là, «il faudrait que ce soit légalisé, parce que Couche-Tard ne vend que des produits légaux».

En point de presse, Alain Bouchard n'a pas demandé clairement aux gouvernements de baisser les taxes sur le tabac, mais il a estimé que la solution ne passait pas par la répression policière.

Il a attiré l'attention sur les permis octroyés par Ottawa à plusieurs fabricants de cigarettes établis sur les réserves indiennes, qui font concurrence aux produits taxés vendus dans les dépanneurs et les autres commerces.

«Il est clair que ça n'a pas de bon sens présentement, a-t-il affirmé. (...) Il y a tellement de permis qu'ils (les Autochtones) peuvent fabriquer des cigarettes pour fournir l'ensemble du marché canadien alors que ce devait être seulement pour leurs besoins à eux. Personne n'est dupe et on en retrouve partout.»

Alain Bouchard a par ailleurs évoqué la controverse entourant les produits naturels à caractère ludique vendus depuis le mois de mars dans ses dépanneurs québécois sans avoir été approuvés par Santé Canada. Il s'est dit très satisfait des ventes jusqu'à présent.

Expansion au Vietnam

Le président-fondateur de Couche-Tard a également donné plus de détails, lundi, sur l'octroi d'une licence de franchisage à l'entreprise GR Vietnam International afin de développer la bannière Circle K dans ce pays.

«Je ne veux pas minimiser l'ampleur de cette entente-là, mais compte tenu de la grandeur de l'entreprise, son impact va être très, très mineur», a noté M. Bouchard.

Il a néanmoins souligné que l'ouverture de magasins Circle K au Vietnam - le nombre n'a pas été rendu public - renforcerait la marque à l'extérieur des États-Unis.

Couche-Tard compte actuellement 3599 magasins Circle K assujettis à des ententes de licence au au Japon, à Hong Kong, en Indonésie, en Chine, au Mexique, à Macao et à Guam.

Couche-Tard n'envisage pas d'expansion en Chine à l'heure actuelle puisque Pékin ne permet pas aux entreprises étrangères de vendre leur propre tabac. Or, il s'agit là d'une source importante de profits pour les exploitants de dépanneurs.

Pour ce qui est des États-Unis, après avoir annoncé l'achat de 83 magasins la semaine dernière, Couche-Tard pourrait annoncer une autre acquisition de moyenne envergure au cours des prochains mois, a indiqué Alain Bouchard.

Le titre de Couche-Tard a reculé de 5% lundi pour clôturer à 14,06 $, à la Bourse de Toronto.