La Caisse de dépôt et placement aurait mieux fait d'annoncer rapidement le congé médical forcé de son président, Richard Guay, au lieu de cacher l'affaire jusqu'à sa révélation médiatique, selon des analystes en gestion de grandes entreprises.

La Caisse de dépôt et placement aurait mieux fait d'annoncer rapidement le congé médical forcé de son président, Richard Guay, au lieu de cacher l'affaire jusqu'à sa révélation médiatique, selon des analystes en gestion de grandes entreprises.

Surtout en raison du rôle prépondérant de la Caisse dans le milieu financier québécois et la période de crise boursière, plutôt que par obligation réglementaire stricte, suggèrent-ils.

«Compte tenu de la conjoncture financière et boursière, il aurait été sans doute préférable que la Caisse annonce le retrait médical momentané de son président. Cela dit, ce n'est pas une obligation, d'autant que la direction de la Caisse ne relève pas que du président, mais de comités de gens très expérimentés», a commenté Michel Nadeau, ex-vice-président de la Caisse de dépôt et expert en normes de gestion de grandes entreprises à titre de directeur de l'Institut sur la gouvernance d'organisations privées et publiques.

La «gouvernance» d'entreprises, ça comprend notamment les normes de divulgation d'informations importantes qui peuvent influencer la valeur d'une entreprise du point de vue de ses actionnaires et de ses interlocuteurs financiers.

Ces normes sont les plus strictes envers les entreprises à capital ouvert, c'est-à-dire dont les actions sont inscrites en Bourse.

Dans ce cas, rappelle Michel Nadeau, toute information susceptible d'influencer la valeur de ces actions - des «informations matérielles» dans le jargon boursier - doit être divulguée le plus tôt possible.

Un congé médical forcé du plus haut dirigeant d'une telle entreprise à capital ouvert, peu importe sa taille, est habituellement considérée une «information matérielle» à divulguer rapidement.

Dans le cas de la Caisse de dépôt, il ne s'agit évidemment pas d'une entreprise à capital ouvert et coté en Bourse, mais plutôt d'une société d'État relevant d'une loi particulière du gouvernement du Québec.

Du coup, la gestion de la Caisse de dépôt est soumise aux normes de gouvernance édictées dans sa loi constituante, plutôt que celles s'appliquant aux grandes entreprises à capital ouvert.

Intervenant majeur

N'empêche, d'aucuns estiment que la Caisse devrait s'y conformer parce qu'elle est un intervenant financier et boursier majeur au Québec et au Canada.

D'un point de vue politique et social aussi, parce que la Caisse de dépôt gère quelque 150 milliards de dollars en fonds de retraite collectif des Québécois.

En comparaison, le vis-à-vis fédéral de la Caisse de dépôt, l'Office d'investissement du régime de pensions du Canada (RPC), a décidé d'adhérer à des règles de divulgation proches des entreprises inscrites en Bourse.

Entre autres, l'Office d'investissement, qui gère déjà 117 milliards après quelques années d'existence, publie des résultats trimestriels inspirés des grandes sociétés financières cotées en Bourse.

Évidemment, les plus récents résultats de l'Office ont confirmé la perte de valeur de son actif - de 122 à 117 milliards - en raison de la crise financière et boursière.

En contrepartie, cette divulgation de l'Office a neutralisé les spéculations négatives sur l'état de son actif comme celles qui se multiplient ces temps-ci à propos de la Caisse de dépôt, et qu'elle refuse de commenter avant ses résultats annuels pour 2008, dans quelques mois.

Par ailleurs, en matière de gouvernance, la Caisse de dépôt continue de faire bande à part des principaux gestionnaires de placements au Canada, dont les fonds Teachers' et Omers en Ontario, en refusant d'adhérer à la «Coalition canadienne pour la bonne gouvernance».

Cette organisation à but non lucratif, située à Toronto, se spécialise dans les principales questions de régie d'entreprise: divulgation d'informations, gestion de conseils d'administration, rémunération des hauts dirigeants.

La Caisse en chiffres

257,7 milliards

Actif total sous gestion en date du 31 décembre 2007.

12 milliards

Valeur des transactions quotidiennes effectuées par la Caisse.

3000

Nombre d'entreprises dont la Caisse est actionnaire dans le monde.

5,6%

Rendement global en 2007.

772

Nombre d'employés en excluant les filiales immobilières, selon le rapport annuel 2007.

Source: Caisse de dépôt et de placement du Québec. /// Note: les montants sont en dollars canadiens

UN DÉBUT DE MANDAT DIFFICILEPerformance des principaux indices boursiers depuis le 1 septembre 2008

S&P 500

-41,35%

S&P/TSX COMPOSITE

-43,91 %

NIKKEI 225

-39,98%

DOW JONES

-34,58%

BRÉSIL BOVESPA

-39,44%

NASDAQ COMPOSITE

-44,41 %

Source: Bloomberg