La Banque du Canada a admis mercredi pour la première fois que l'économie canadienne pourrait connaître une récession, ajoutant que de nouvelles baisses des taux d'intérêt risquaient d'être nécessaires pour stimuler l'économie et amortir sa chute.

La Banque du Canada a admis mercredi pour la première fois que l'économie canadienne pourrait connaître une récession, ajoutant que de nouvelles baisses des taux d'intérêt risquaient d'être nécessaires pour stimuler l'économie et amortir sa chute.

Le gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney, a affirmé mercredi, lors d'un discours devant un auditoire de Londres, en Angleterre, que l'économie canadienne s'était détériorée plus rapidement qu'il ne l'avait lui-même anticipé il y a un mois, laissant planer la possibilité que la banque centrale réduise son taux directeur lors de sa prochaine rencontre à ce sujet, le 9 décembre.

Bien que M. Carney n'ait pas parlé de récession pendant son discours, il a évoqué cette question plus tard, lors d'une conférence de presse.

«En partant avec une croissance nulle au premier trimestre de 2009 et au deuxième trimestre de 2009 (...) une récession est possible au Canada», a-t-il déclaré.

Une récession se définit, de façon technique, comme la succession de deux trimestres de décroissance économique. L'activité économique a probablement décru au troisième trimestre, et plusieurs observateurs s'attendent à ce qu'elle recule aussi au trimestre qui doit se terminer fin décembre.

M. Carney a souligné que le ralentissement économique aux États-Unis, caractérisé par la faiblesse marquée des secteurs du logement et de l'automobile, est particulièrement problématique pour les exportateurs canadiens et que, même si la demande intérieure au Canada demeure relativement vigoureuse et que la dépréciation du dollar canadien compensera en partie le repli de la demande extérieure, la résultante des risques entourant la croissance et l'inflation au pays semble s'être inscrite en baisse.

«Même si la Banque du Canada a déjà réduit de moitié son taux directeur au cours de la dernière année, et même si notre secteur financier continue de fonctionner efficacement, il faudra probablement encore augmenter le degré de détente monétaire pour atteindre la cible d'inflation à moyen terme», a affirmé M. Carney devant les invités de la Chambre de commerce Canada-Royaume-Uni.

Le taux directeur de la Banque du Canada est actuellement à 2,25 pour cent.

Au cours de son allocution, M. Carney a notamment parlé des origines de la crise actuelle, des enseignements à en tirer et des solutions à adopter pour corriger les défauts et lacunes du système actuel.

Selon lui, le plan adopté il y a quelques semaines par les dirigeants des pays membres du G7 fournissait des balises traditionnelles afin de rouvrir les marchés. Il a en outre mentionné trois faiblesses importantes, soit un manque de transparence, des motivations incompatibles et une liquidité insuffisante, auxquelles il fallait remédier par le biais, entre autres, d'une nouvelle approche mettant en oeuvre une combinaison de mesures micro et macroéconomiques.

Ces faiblesses qu'il a mentionnées ont entraîné la défaillance de marchés clés, ce qui a aggravé la crise financière à l'échelle du globe, a souligné le gouverneur de la Banque du Canada.

Il a en outre vanté les mérites du système financier canadien, en indiquant notamment que s'il a manifestement été touché par la crise, les répercussions de celle-ci ont été considérablement moindres au Canada qu'au sein de nombreuses autres grandes économies.

«L'expérience du Canada montre que si c'est d'abord à l'intérieur de nos frontières qu'une bonne réglementation financière doit éclore, il est tout aussi clair qu'elle ne doit pas s'y limiter, a affirmé Mark Carney.

«Même si le système national est robuste, il n'existe aucune garantie que les marchés financiers clés seront toujours disponibles, a précisé le gouverneur. Il y a un besoin pressant d'institutions financières internationales qui surveillent efficacement le risque systémique et coordonnent la réforme des politiques macroprudentielles et financières.»