Q: À votre avis, quel est l'événement le plus significatif de la semaine en Bourse?

Q: À votre avis, quel est l'événement le plus significatif de la semaine en Bourse?

Cette semaine, les marchés ont réalisé que la fin du monde n'était pas arrivée. Ils sont revenus à la réalité économique.

Quand je lis les journaux américains, beaucoup de stratèges tiennent des discours rassurants, prévoient que la récession sera terminée en juin 2009, considèrent que la Bourse a déjà escompté le pire, et rappellent qu'il faut acheter des actions quand tout est sombre.

Mais les données qu'on a vues cette semaine laissent présager un ralentissement plus prononcé que prévu. On risque d'avoir de mauvaises surprises. La récession sera peut-être aussi sévère qu'au début des années 80. Elle pourrait durer jusqu'à la fin de 2009.

Les banques centrales font tout pour diminuer la crise. La Banque d'Angleterre vient de baisser son taux de 150 points de base, à 3%. C'est beaucoup! Mais est-ce que ce sera assez pour nettoyer tout le système? Au cours des 10 dernières années, nous avons eu un cycle d'abus de crédit, d'endettement, d'effet de levier. Il faut prendre le temps de digérer tout ça.

Q: Quel indicateur surveillerez-vous le plus attentivement au cours des prochains mois?

Les problèmes ont commencé avec l'immobilier. J'aimerais voir un plancher, tant du côté des prix de vente que des volumes de transactions. C'est un des facteurs les plus importants à surveiller.

Q: Que feriez-vous avec 10 000$ à investir?

Je me concentrerais dans les obligations de sociétés de grande qualité. Les écarts de taux d'intérêt sont extraordinaires. Présentement, une obligation du gouvernement du Canada de 2 ans offre un rendement d'environ 2%. L'obligation d'une banque verse environ 4,2%. L'écart est de 220 points (2,2%) alors qu'il était d'à peine 30 points il y a deux ans.

Pour des sociétés industrielles, l'écart est encore plus large (environ 400 points). Et pour des échéances plus longues (10 ans), les écarts vont jusqu'à 800 points pour des sociétés financières américaines de qualité qui émettent des obligations en dollars canadiens.

Ce sont des aubaines. Est-ce que ça va s'améliorer du jour au lendemain? Non! Mais sur un horizon de 18 mois, les écarts sont rétrécir (ce qui fera augmenter la valeur des obligations).

Une obligation de société, un fonds négocié en Bourse d'obligations corporatives (XCB) ou un fonds commun d'obligations à rendement élevé, est un choix intéressant.

Q: Quel placement évitez-vous à tout prix?

Les compagnies qui ont des bilans trop lourds, sont à éviter. Par exemple, on peut penser des firmes qui ont trop de dettes, parce qu'elles ont fait des acquisitions majeures sans prévoir la récession.

C'est encore plus vrai pour des entreprises qui se trouvent dans des secteurs cycliques: dans un scénario de récession, elles pourraient souffrir de la baisse des prix des matières premières.

Q: Dans le contexte actuel, quel est votre meilleur conseil pour un investisseur?

Il ne faut pas changer son plan de match quand la Bourse est en baisse de 35%. Si c'était correct avant, ne transformez pas de manière drastique le portefeuille qui vous permettra de prendre une belle retraite dans 15 ans.

Michel Falk

Fort de 24 années d'expérience à la Financière Banque Nationale, Michel Falk devenu chef du placement de Gestion de portefeuille Natcan, en septembre dernier. Cette filiale gère des actifs de 28 milliards de dollars, dont la moitié en fonds communs de la famille de la Banque Nationale et d'Altamira.