Personne n'est dans le secret des Dieux, mais selon toutes vraisemblances, les démocrates arriveront en masse au Congrès après les élections de mardi. Peut-être même qu'un d'entre eux se faufilera jusqu'à la présidence des États-Unis.

Personne n'est dans le secret des Dieux, mais selon toutes vraisemblances, les démocrates arriveront en masse au Congrès après les élections de mardi. Peut-être même qu'un d'entre eux se faufilera jusqu'à la présidence des États-Unis.

Selon les derniers sondages, la cote d'amour de Barack Obama est très élevée un peu partout dans le monde, incluant au Canada.

Mais lorsqu'il est question du libre-échange, c'est là que cela se corse. En entrevue télévisée à CTV, l'ancien ambassadeur américain au Canada, Paul Cellucci (nommé par George W. Bush), n'a pas été tendre envers les démocrates affirmant qu'ils représentent un «danger» pour le Canada. Pour lui, l'ALENA serait même menacée avec la venue de ce parti.

Sans parler de danger, le professeur en relations internationales Louis Bélanger affirme tout de même que le programme des républicains est meilleur pour le libre-échange.

«Strictement du point de vue commercial, John McCain met de l'avant des mesures plus intéressantes. Il a une meilleure conception du libre-échange», estime M. Bélanger.

Selon lui, avec un contrôle plus accru du Congrès par les démocrates, on peut donc s'attendre à plus de protectionnisme. Surtout en temps de crise.

«Avec le contexte économique plus difficile, il risque d'y avoir un repli. Les Américains seront plus que jamais centrés sur eux-mêmes», affirme-t-il.

En cas d'élection, le professeur s'attend à ce que Barack Obama rouvre l'ALENA. Malgré tout, il considère sa position «plus raisonnable» que celle d'une certaine frange des représentants démocrates qui sont carrément «anti-ALENA».

Ainsi, Barack Obama pourrait renégocier l'accord sur deux points. Le premier concerne le droit des acteurs économiques qui se sentent floués par l'accord de poursuivre les gouvernements. L'autre concerne les normes environnementales et le droit des travailleurs.

Selon M. Bélanger, le Canada ne s'opposerait aucunement à ces deux points. Mais le pays craindrait que les États-Unis en profitent pour renégocier d'autres mesures de l'ALENA.

Autres priorités pour Barack Obama

Ce n'est pas l'avis du professeur Donald Cuccioletta, spécialiste de la politique américaine. Selon lui, Barack Obama n'ouvrira pas l'ALENA surtout dans le contexte actuel.

«Depuis les primaires, il me semble que Barack Obama n'a pas reparlé de ce sujet. Avec la crise qu'il aura à gérer, je ne crois pas qu'il voudra ouvrir ce panier de crabes», avance M. Cuccioletta.

Les représentants et les sénateurs pourraient toutefois mettre le sujet sur le tapis. «Ce sera alors de voir si Obama sera assez fort devant son Congrès», dit-il.

C'est le président des États-Unis qui a le dernier mot sur l'ALENA. Rappelons que les Américains doivent élire mardi tous les membres de la Chambre des représentants et le tiers du Sénat.

Les deux spécialistes s'entendent sur toutefois sur un point: avec la venue d'un démocrate, le gouvernement canadien ne pourra pas demander plus de flexibilité face aux mesures douanières qui ont été mises en place après le 11 septembre 2001.

«Au mieux, il faudra se contenter du statut-quo», affirme M. Bélanger.