La crise a coupé les ailes du transport aérien en septembre, avec un déclin pour la première fois depuis cinq ans du trafic passagers international et la pire chute du cargo depuis sept ans.

La crise a coupé les ailes du transport aérien en septembre, avec un déclin pour la première fois depuis cinq ans du trafic passagers international et la pire chute du cargo depuis sept ans.

«La détérioration du trafic est particulièrement rapide et étendue», s'est alarmé Giovanni Bisignani, directeur de l'Association internationale du transport aérien (IATA), qui représente environ 230 compagnies aériennes, soit 93% du trafic aérien international.

Et d'évoquer la possibilité de rabaisser encore ses prévisions de résultats pour les compagnies aériennes dans le monde, alors qu'il prévoyait des pertes de 5,2 G$ US cette année.

«Nous avons une année très difficile devant nous. C'est la première fois que nous avons une récession de cette taille, mondiale», a-t-il observé lors d'un point presse, soulignant la difficulté de faire des prévisions. «Le pire est à venir», a-t-il mis en garde.

«Même la bonne nouvelle de la réduction de moitié du prix du pétrole depuis le pic de juillet ne suffit pas à contrebalancer la chute de la demande», a-t-il ajouté. «Ce qui est inquiétant, c'est la vitesse à laquelle les chiffres baissent».

Le trafic aérien passager - le nombre de passagers multiplié par la distance parcourue - a reculé de 2,9% en septembre comparé au même mois de l'an passé, une première depuis l'épidémie de pneumonie atypique (SRAS) en 2003, a relevé IATA.

La croissance du trafic tournait déjà au ralenti les mois précédents: il avait crû de 1,3% en août sur un an et de 1,9% en juillet.

En septembre, touristes et hommes d'affaires ont boudé l'avion dans toutes les régions du monde, sauf en Amérique latine. Le trafic passager y a crû de 1,7%, un chiffre «particulièrement choquant» par son bas niveau, comparé au 11,9% de croissance enregistré encore en août, souligne IATA.

La contraction brutale du commerce mondial a particulièrement touché la région Asie-Pacifique, avec une dégringolade de 6,8% du trafic passager. L'Europe et l'Amérique du Nord souffrent également, mais dans une moindre mesure.

Pour le trafic international cargo, le recul de septembre est encore plus marqué que celui des passagers: -7,7%, soit la pire chute depuis 2001, l'année de l'explosion de la bulle Internet et des attentats du 11 septembre.

Il s'agit du quatrième mois consécutif de baisse pour le transport aérien de marchandises, qui représente un peu plus du tiers de la valeur totale du frêt dans le monde, avec des biens particulièrement coûteux et de haute technologie.

Là encore, l'Asie-Pacifique se trouve dans l'oeil du cyclone avec un plongeon de 10,6% comparé à l'an passé. Auparavant particulièrement dynamique, cette zone représente en gros la moitié des parts de marché du fret aérien.

Cette région, avec les deux grands ateliers du monde, la Chine et l'Inde, «n'exporte plus car les grands consommateurs, Europe et États-Unis, n'achètent plus», a constaté M. Bisignani.

Alors que 30 compagnies aériennes ont déjà fait faillite sur les neuf premiers mois de l'année, M. Bisignani a indiqué que 20 transporteurs, en situation préoccupante, restaient sur la liste.

«La crise va également entraîner une contraction du nombre de vols proposés, les compagnies ajustant leur offre à la demande», a-t-il prévenu. Interrogé sur une éventuelle baisse des prix des billets, il a souligné qu'il s'agissait d'une décision commerciale de chaque transporteur.