«Les Trois Grands américains ont des problèmes et l'économie régionale en souffre, c'est sûr. Le tiers des emplois de la région dépend de l'industrie automobile», indique Lindsay Booth, président de la chambre de commerce de Windsor-Essex.

«Les Trois Grands américains ont des problèmes et l'économie régionale en souffre, c'est sûr. Le tiers des emplois de la région dépend de l'industrie automobile», indique Lindsay Booth, président de la chambre de commerce de Windsor-Essex.

«Mais on a déjà connu ça à Windsor, des mauvais cycles dans l'automobile. Nous sommes les premiers touchés mais aussi les premiers à rebondir quand le marché reprend.»

Trop optimiste, ce président de chambre de commerce?

En tout cas, l'état des complexes industriels de GM, Ford et Chrysler à Windsor laisse une impression mitigée.

D'abord, la seule usine d'assemblage de véhicules qui subsiste, celle de Chrysler, est aussi celle qui est en meilleure posture. Pour le moment, du moins. Sa production de mini-fourgonnettes se vend encore relativement bien, malgré l'atrophie de ce créneau du marché.

Chrysler vient aussi d'intégrer à son usine de Windsor un mandat d'assemblage de mini-fourgonnettes pour Volkswagen. Il s'agit d'un contrat qui, de l'avis d'analystes, serait typique de l'avenir de Chrysler hors du giron du géant allemand Daimler-Benz.

Mais ailleurs à Windsor, l'énorme usine de transmissions de GM, déjà à moitié fermée, le sera complètement d'ici la fin de 2010. Mille quatre cents emplois directs disparaîtront.

Ironiquement, GM vient d'y enclencher du travail en heures supplémentaires afin de suffire à la demande de transmissions pour ses automobiles compactes et intermédiaires assemblées aux États-Unis et au Mexique.

Les ventes de ces automobiles progressent pour GM. Mais cela ne compense pas l'effondrement des revenus des camionnettes qui, entre autres, a déjà provoqué des centaines de mises à pied au complexe industriel de GM à Oshawa, à l'est de Toronto.

À Windsor, malgré ce répit, l'usine GM ne survivra pas à la fin prochaine des transmissions dont la mise en production date de... 1995!

Inquiétude

Dans le quartier commercial voisin de l'usine, le superviseur de jour d'un resto-brasserie, Mark, confie son inquiétude durant une heure du midi très tranquille. «Notre clientèle principale a diminué et elle risque maintenant de disparaître. Le patron songe à déménager ailleurs à Windsor. Au moins, les loyers commerciaux ne sont pas chers.»

Cet autre endroit pourrait être proche de la grande usine de moteurs de Ford à Windsor, pourtant fermée depuis deux ans. Car dès le début de la campagne électorale fédérale, le premier ministre Stephen Harper s'est pointé à Windsor avec une subvention de 80 millions à Ford pour la modernisation et la réouverture de l'usine.

Ford prévoit y investir 790 millions en quatre ans afin d'implanter ses meilleures techniques de production flexible pour toute sa gamme de moteurs.

Avec ce projet, Windsor espère la résurrection d'au moins 750 emplois directs, en plus de mandats de développement technologique.

Mais cette relance d'usine de Ford à Windsor ne compensera pas ses maux ailleurs en Ontario. À Oakville, près de Toronto, une usine récemment modernisée avec des dizaines de millions en subventions de l'Ontario et du fédéral vient de retrancher un quart de travail - 500 emplois directs - en raison de la mévente des gros multi-segments.

Et ce, même si ces véhicules à mi-chemin entre les VUS et des mini-fourgonnettes sont encore tous récents dans la gamme de Ford.

Par ailleurs, des centaines de salariés de Ford à son usine de St-Thomas, localité rurale à mi-chemin entre Toronto et Windsor, espèrent toujours un nouveau mandat pour succéder à l'assemblage des grandes automobiles Crown Victoria et Town Car.

Désuètes pour les particuliers, ces grosses cylindrées à propulsion arrière sont produites à volume réduit pour les seuls marchés des taxis, des limousines aéroportuaires et des forces policières.

La fermeture de Ford à St-Thomas serait un autre coup dur pour la région. Elle vient de perdre 720 emplois à l'usine de camions lourds Sterling, et de 400 autres à une usine de Magna, le géant ontarien des pièces et composantes.