Les femmes ont-elles tendance à sortir du garage avec une facture plus élevée? Voilà une question controversée. Chez Option Consommateurs, les avocates se partagent entre deux camps: les sceptiques et les convaincues de l'existence d'une discrimination.

Les femmes ont-elles tendance à sortir du garage avec une facture plus élevée? Voilà une question controversée. Chez Option Consommateurs, les avocates se partagent entre deux camps: les sceptiques et les convaincues de l'existence d'une discrimination.

«C'est rien de scientifique, mais je me dis que bien des hommes de nos jours ne sont pas très ferrés en mécanique. Eux aussi peuvent se faire raconter n'importe quoi», remarque Me Stéphanie Poulin, du camp des sceptiques.

L'Association pour la protection des automobilistes (APA) a une équipe d'inspecteurs - et d'inspectrices - anonymes qui évaluent les garages canadiens. L'organisme a confié ses données d'inspection à un économiste de l'Université Cornell pour qu'il les analyse. Les résultats ont étonné même le président de l'APA, George Iny.

Prenez la vente de pièces inutiles. «Il y a des facteurs bien plus importants que le sexe du consommateur», constate M. Iny. Par exemple, si on commence à travailler sur votre voiture le matin, vous risquez davantage qu'on procède à des réparations superflues. Pourquoi? Parce que le garagiste aura le temps de commander de nouvelles pièces.

Au milieu des années 90, une étude américaine avait montré que les femmes et les Noirs se faisaient avoir plus souvent qu'à leur tour dans les garages. «Nos données n'ont pas permis de reproduire ces résultats comme tel», note le président de l'APA.

M. Iny parle plutôt d'une classe de clients vulnérables, englobant les femmes, les personnes âgées, ainsi que les gens mal pris en général, représentés par les inspecteurs qui prétendaient être au beau milieu d'un déménagement.

Selon Henry Schneider, l'économiste de l'Université Cornell qui a étudié les données de l'APA, il ne faut pas conclure que les mécaniciens sont plus malhonnêtes que le reste de la population.

«Tout le monde est sensible aux stimulants économiques. Personne n'a d'intérêt à laisser passer les occasions qui se présentent», confiait-il à un journaliste du Toronto Star en novembre dernier.

Les femmes économisent sur l'assurance automobile, non?

Il est généralement admis que les femmes paient de moins fortes primes d'assurance automobile. Cela ne signifie pas pour autant qu'elles font une bonne affaire, estime la National Organization for Women (NOW) aux États-Unis.

Depuis plusieurs années, la NOW tente de convaincre les assureurs de changer de système de calcul des primes. À l'heure actuelle, celles-ci sont basées sur la voiture assurée.

D'autres facteurs entrent en considération, comme le dossier du conducteur et le kilométrage estimé, mais ils n'ont pas l'impact qu'on s'imagine sur le coût final de la prime (voir tableau).

Or, d'un strict point de vue actuariel, le risque d'accident automobile chez les adultes est d'abord et avant tout lié au temps passé sur la route, explique Patrick Butler, de la NOW. Ce Ph.D. de Harvard et ancien investigateur principal à la NASA dirige aujourd'hui le projet Cents-Per-Mile de la NOW, qui préconise un système de tarification basé sur le kilométrage parcouru.

Comme les femmes conduisent presque moitié moins de kilomètres en moyenne que les hommes, leurs primes devraient être proportionnellement inférieures à celles payées par les hommes, dit-il.

Autrement dit, chacun devrait payer en fonction de son exposition au risque d'accident. À l'heure actuelle, ce n'est pas le cas.

Nous avons utilisé le site Kanetix.ca pour obtenir des soumissions de plusieurs assureurs pour «Marie» et «Pierre».

Toutes choses étant égales par ailleurs, le simple fait d'être de sexe féminin a permis à Marie d'obtenir une légère baisse de prime (6% en moyenne).

Par contre, quel que soit le sexe du conducteur, le fait de parcourir quatre fois plus de kilomètres par année n'a pas multiplié la prime par quatre (400%), mais seulement par 13% en moyenne.

La méthode actuelle d'établissement des primes d'assurance automobile ne défavorise pas systématiquement les femmes, souligne Patrick Butler.

En effet, certaines d'entre elles parcourent plus de kilomètres que la moyenne des hommes. Mais cette méthode désavantage clairement toutes les personnes qui conduisent peu, un groupe auquel les femmes ont tendance à appartenir.