Les frères Péladeau coupent les liens pour de bon chez l'imprimeur Quebecor World (T.IQW) fondé par leur père, mais qui est en protection de faillite depuis janvier dernier.

Les frères Péladeau coupent les liens pour de bon chez l'imprimeur Quebecor World [[|ticker sym='T.IQW'|]] fondé par leur père, mais qui est en protection de faillite depuis janvier dernier.

Pierre Karl Péladeau, président de Quebecor inc., son frère Érik et deux de leurs principaux adjoints, Jean Neveu et Jean La Couture, ont démissionné de leur poste au conseil d'administration de Quebecor World.

La raison officielle invoquée: les réclamations financières et les litiges juridiques qui perdurent entre Quebecor World et le groupe Quebecor, malgré son statut de principal actionnaire avec 75% des droits de vote.

Leur plus récent litige concerne un contrat de partage de capacité de production à une imprimerie implantée récemment à Mirabel par Quebecor Media, principale filiale de Quebecor, pour l'impression de journaux quotidiens et de matériel publicitaire.

Mais pour qui surveille les efforts de Quebecor World pour éviter la faillite, la volonté d'un largage complet de la part de Quebecor est manifeste depuis plusieurs mois.

Aussi, Pierre Karl Péladeau et ses adjoints ont d'autres priorités: gérer l'impact de la récession chez Quebecor Media - déjà 600 emplois en suppression dans les journaux - et implanter le réseau de téléphonie sans fil chez le câblodistributeur Vidéotron, qui pourrait coûter près d'un milliard de dollars.

Entre-temps, dès la déclaration d'insolvabilité de Quebecor World en janvier dernier, Quebecor avait vite manifesté sa volonté de couper les liens en demandant publiquement à l'imprimeur en péril de cesser d'utiliser le même nom afin d'éviter la «confusion» parmi leurs interlocuteurs d'affaires.

Onze mois plus tard, cette demande demeure sans suite auprès des nouveaux dirigeants de Quebecor World et ses créanciers, davantage préoccupés à rescaper l'imprimeur du risque de faillite.

Par ailleurs, à la fin de février, Quebecor avait émis un avis boursier indiquant qu'elle réduirait à néant la valeur de son bloc d'actions majoritaire de l'imprimeur. Le montant prévu: 790 millions de dollars. Et ce, dès les prochains résultats financiers de Quebecor pour sa fin d'exercice 2007, qui furent d'ailleurs décalés de quelques semaines pour s'ajuster.

Par la suite, au début de mai, l'annonce de fermetures d'imprimeries et de suppressions de centaines d'emplois par Quebecor World, en particulier à son usine de Magog au Québec, avait mené à une prise de bec médiatisée entre Pierre Karl Péladeau, les autorités locales et les représentants syndicaux des salariés licenciés.

Litige en cour

Plus récemment, alors que Quebecor World obtenait une autre prolongation de protection de faillite jusqu'en mars 2009, les litiges avec son actionnaire principal, Quebecor, ont aussi abouti en cour.

Pour l'essentiel, Quebecor et sa principale filiale d'exploitation, Quebecor Media, reprochent à Quebecor World d'avoir enfreint un accord d'utilisation de capacité à leur nouvelle imprimerie à Mirabel, implantée au coût d'environ 50 millions.

Selon Quebecor, son ex-filiale Quebecor World avait convenu d'effectuer des tâches d'impression de publicité et d'annuaires dans la nouvelle usine de Mirabel, pour une valeur de 29 millions en trois ans.

Ces tâches devaient combler les disponibilités de la nouvelle imprimerie hors de ses périodes régulières d'impression de quotidiens, dont le Journal de Montréal et le Sun d'Ottawa.

Toutefois, dans le cadre de sa restructuration, Quebecor World a investi des millions de dollars dans de nouvelles presses dans l'une de ses usines aux États-Unis.

Elle y aurait ensuite transféré la majeure partie des tâches d'impression prévue à l'usine de Mirabel, ce qui a motivé une tentative de blocage de Quebecor Media par l'entremise d'une requête en justice.

Mais encore récemment, cette requête a été écartée par le juge de la Cour supérieure du Québec qui supervise la restructuration d'insolvabilité de Quebecor World.

Selon ses derniers états financiers déposés en cour, Quebecor World doit encore régler pour 2,8 milliards US en créances d'affaires alors que ses revenus sont en chute de 13% depuis le début de 2008, et que sa perte nette a plus que doublé, à 1 milliard US.