Québec a nommé un conciliateur qui aura la lourde tâche de relancer les négociations, au point mort depuis le 18 novembre, entre Quebecor et ses employés du Journal de Montréal.

Québec a nommé un conciliateur qui aura la lourde tâche de relancer les négociations, au point mort depuis le 18 novembre, entre Quebecor et ses employés du Journal de Montréal.

Le ministère du Travail a ainsi acquiescé à une demande du syndicat qui, en point de presse en matinée, disait craindre que Quebecor impose un lock-out dès le 2 janvier. Le conciliateur, Pierre-Marc Bédard, tentera de réunir les deux parties dans les plus brefs délais, confirme-t-on à Québec.

Le syndicat, qui regroupe quelque 260 membres dont des journalistes, des employés de bureau et des commis aux annonces classées, a rejeté en bloc les demandes patronales déposées cet automne. Ces 233 demandes auraient pour effet de «charcuter les conditions de travail» en augmentant le nombre d'heures de travail, en permettant la circulation des nouvelles entre les différentes entités de Quebecor Media et en abolissant une centaine de postes.

«Nous aurions une convention collective vide de sens, qui nous lierait les mains à notre employeur, estime le président du syndicat des travailleurs de l'information du Journal de Montréal, Raynald Leblanc. C'est la porte ouverte à une convergence illimitée, où M. Péladeau pourrait utiliser les textes du 24h, de 7 jours, de Canoë dans nos pages, et vice versa.»

Les indices quant à l'imminence d'un lock-out s'accumulent depuis des mois au quotidien de la rue Frontenac, précise le président. On a augmenté le nombre de cadres d'une quinzaine à 23, et le quotidien 24h a pratiqué doublé son personnel. Les négociations sont au point mort, le syndicat estimant que l'employeur refuse de reculer sur la quasi-totalité de ses demandes.

Les syndiqués n'ont toujours pas donné de mandat de grève à leur exécutif. La grande majorité croit que Quebecor cherche à tout prix à imposer le lock-out. «C'est l'avis général, même si j'ai toujours cru qu'on pourrait y arriver en négociant, dit M. Leblanc. Mais il faut être deux pour négocier. À moins que le conciliateur fasse des miracles, c'est mal barré.»

S'il était déclenché, ce conflit de travail serait le premier de l'histoire du Journal de Montréal, lancé en 1964 justement lors d'une grève de son compétiteur, La Presse. En 1977, une autre grève qui avait empêché la publication de La Presse et Montréal-Matin pendant plus de sept mois avait permis au Journal de consolider son avance dans le marché montréalais.

«Tous ces conflits ont grandement participé au succès du Journal de Montréal, convient M. Leblanc. On veut la pérennité de l'entreprise, mais on ne la veut pas à tout prix.»

La conférence de presse du syndicat a eu lieu au même moment où Sun Media, qui regroupe les 43 quotidiens de Quebecor dont le Journal, a annoncé la suppression de 600 emplois. «Techniquement», assure M. Leblanc, ces coupures ne toucheront pas le quotidien montréalais. «Nous avons une garantie d'emploi liée à la convention collective.»