Air Canada volera enfin de ses propres ailes. La société mère du transporteur, Gestion ACE Aviation (T.ACE.B), a annoncé hier qu'elle demandera au tribunal et à ses actionnaires la permission de liquider ses actifs.

Air Canada volera enfin de ses propres ailes. La société mère du transporteur, Gestion ACE Aviation [[|ticker sym='T.ACE.B'|]], a annoncé hier qu'elle demandera au tribunal et à ses actionnaires la permission de liquider ses actifs.

ACE, une société de portefeuille, est le résultat de la restructuration entreprise par Air Canada en 2003, lors de son placement sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies. Cela fait plus d'un an que le président et chef de la direction d'ACE, Robert Milton, parle de la dissolution de la société et de son intention de «s'en aller vers le soleil couchant».

Les conditions de marché difficiles pour l'industrie du transport aérien ont cependant retardé les plans de M. Milton. ACE avait émis des actions de sa filiale Air Canada en novembre 2006 au prix de 21$. Hier, les actions de catégorie B du transporteur ont clôturé à 1,81$ à la Bourse de Toronto.

C'est après la fermeture des marchés hier qu'ACE a publié un communiqué pour annoncer ses intentions. Elle commencera par offrir de racheter la totalité de ses obligations convertibles de premier rang au prix de rachat de 900$ comptant par tranche de 1000$, ce qui représente 290,5 millions de dollars. L'offre expirera le 19 janvier 2009. ACE a soutenu que selon une évaluation indépendante réalisée par Ernst&Young, la juste valeur marchande de ces obligations se situait entre 825 et 875$ par 1000$ de capital.

Deuxièmement, ACE offrira de racheter les actions privilégiées en circulation au prix de rachat de 20$ comptant par action, une offre qui expirera également le 19 janvier. Selon l'évaluation d'Ernst&Young, la juste valeur marchande des 12,5 millions d'actions privilégiées en circulation se situerait entre 19,75$ et 20,75$ par action. La firme new-yorkaise Cerberus Capital Management détient 52% de ces actions privilégiées. Les autres sont notamment détenues par Morgan Stanley Canada et une filiale de la Deutsche Bank.

ACE a finalement annoncé qu'elle demandera au tribunal et à ses actionnaires d'approuver un plan d'arrangement prévoyant la liquidation de ses actifs. La société a précisé que ses actifs se composaient essentiellement de sa participation de 75% dans Air Canada, de sa participation de 27,8% dans Aveos (le nouveau nom des Services techniques d'Air Canada) et d'une somme de 811 millions de dollars. Il faudra soustraire de ce montant la valeur des obligations et des actions privilégiées en circulation.

Sous réserve de l'approbation du tribunal, ACE s'attend à ce que les actionnaires se prononcent sur ce plan au cours d'une assemblée extraordinaire en février 2009.

Une journée agitée

La journée avait commencé de façon plutôt agitée pour ACE. Un actionnaire torontois, West Face Capital, a carrément réclamé la destitution du conseil d'administration de la société de portefeuille.

Dans une lettre adressée à M. Milton, West Face a demandé la tenue d'une assemblée extraordinaire pour remplacer les administrateurs actuels par une nouvelle équipe.

Dans un communiqué publié hier, West Face a indiqué qu'elle avait commencé à s'inquiéter quant aux intentions de la direction et du conseil d'administration d'ACE au sujet des liquidités de l'entreprise.

«West Face a pris cette décision pour s'assurer que le conseil d'administration d'ACE est suffisamment indépendant pour protéger les intérêt de l'entreprise et de ses actionnaires», a indiqué la société torontoise dans le communiqué.

En vertu de la Loi canadienne sur les sociétés par actions, les détenteurs d'au moins 5% des actions d'une société peuvent exiger la convocation d'une assemblée générale. Les administrateurs doivent obtempérer, à moins qu'il apparaisse nettement que la proposition n'est pas liée aux activités commerciales ou aux affaires internes de la société, ou qu'elle ne vise qu'à réparer un grief personnel.

À l'heure actuelle, West Face Capital détient 15,68% des actions de catégorie A d'ACE Aviation.

Un analyste de la firme Research Capital, Jacques Kavafian, a indiqué en après-midi hier que West Face s'inquiétait probablement à l'idée de voir ACE racheter ses actions privilégiées, ce qui diminuerait évidemment les sommes qui pourraient être distribuées aux actionnaires ordinaires dans le cas d'une dissolution.

C'est effectivement la voie qu'a choisi ACE hier soir.

L'action de catégorie A d'ACE a clôturé à 3,30$ à la Bourse de Toronto hier, soit un gain de 7,5%.