La récession américaine cogne fort chez les grands groupes médiatiques, frappés à la fois par une chute des revenus publicitaires et des problèmes de financement.

La récession américaine cogne fort chez les grands groupes médiatiques, frappés à la fois par une chute des revenus publicitaires et des problèmes de financement.

Le plus récent éclopé: le groupe Tribune de Chicago, qui comprend le Chicago Tribune et le Los Angeles Times, vient de demander la protection judiciaire pour éviter la faillite.

Cette manoeuvre de sauvegarde annoncée hier par le deuxième éditeur de quotidiens aux États-Unis survient un an à peine après son rachat par l'investisseur Sam Zell pour 8,3 milliards US.

«Des facteurs économiques et financiers indépendants de notre volonté ont provoqué une tempête parfaite contre l'entreprise», a admis M. Zell peu après l'inscription du groupe au chapitre 11 de la loi américaine sur les faillites, devant un juge du Delaware.

Principal motif invoqué: l'entreprise de presse croule sous 12,9 milliards US de dettes avec un actif déprécié à 7,6 milliards US.

Vague de licenciements

Depuis juillet dernier, le Chicago Tribune et le Los Angeles Times ont supprimé au moins 400 postes, dont les deux tiers dans leur salle de rédaction. Le Times a aussi réduit de 14% son nombre de pages.

Pendant ce temps, dans la métropole américaine, l'influent groupe de presse New York Times confirme qu'il devra hypothéquer davantage son nouvel immeuble de 52 étages à Manhattan pour faire face à une prochaine échéance de dette de 400 millions US.

Pourtant, afin de réduire sa pression financière, l'entreprise qui publie aussi le quotidien Boston Globe avait amputé des trois quarts le dividende à ses actionnaires, le mois passé.

Elle a aussi déclenché la suppression de dizaines d'emplois dans divers services.

Selon ses plus récents résultats, le groupe New York Times fait face à un effondrement de sa rentabilité et à une réserve de liquidités amincie à quelques dizaines de millions de dollars.

Par ailleurs, dans le sud des États-Unis, un resserrement financier chez le troisième groupe de presse, McClatchy, pourrait le forcer à revendre son joyau: le quotidien Miami Herald.

Cette rumeur a été ébruitée par le New York Times qui cite des sources anonymes mais bien informées du déclin des résultats d'exploitation du Miami Herald.

D'ailleurs, selon le Times, la principale valeur de revente du Herald pour son propriétaire ne proviendrait pas du journal comme tel, mais surtout de son emplacement immobilier au bord de l'eau, en plein Miami.

Toutefois, le souhait du groupe McClatchy de monnayer cet actif foncier afin de renflouer ses caisses est mis à mal par la crise immobilière qui frappe la plus grande ville de Floride.

Entre-temps, les suppressions d'emplois se multiplient à vue d'oeil dans tout le secteur médiatique américain, qui fait face à la pire récession de consommation aux États-Unis depuis plusieurs années.

Pour les seuls journaux, les revenus publicitaires étaient en recul général de 19% au troisième trimestre, la pire rechute en un quart de siècle, selon le Newspaper Association of America.

Dans ce contexte, les suppressions d'emplois dans les médias américains pourraient totaliser 30 000 postes pour toute l'année 2008, soit presque 4% de l'effectif total, selon un relevé du magazine Advertising Age.

En plus des médias imprimés, déjà inquiets du déclin de leur lectorat, de grands médias électroniques suppriment des emplois par centaines depuis quelques semaines.

Parmi les entreprises les plus touchées, on compte le groupe de presse Gannett ainsi que les diffuseurs Viacom, NBC Universel, CBS et Yahoo!

Même l'agence Associated Press a annoncé la réduction de 10% de son effectif d'ici un an, ce qui toucherait 400 postes.

Au Canada, trois groupes d'importance en médias imprimés et électroniques –CanWest Global, CTVglobemedia et Rogers Medias– ont amorcé la suppression d'au moins 600 postes depuis un mois.

Avec Bloomberg et Agence France-Presse