La plateforme électorale déposée hier par les conservateurs de Stephen Harper a suscité un large éventail de réactions dans les milieux d'affaires, allant de la satisfaction complète à l'indignation la plus totale.

La plateforme électorale déposée hier par les conservateurs de Stephen Harper a suscité un large éventail de réactions dans les milieux d'affaires, allant de la satisfaction complète à l'indignation la plus totale.

L'industrie forestière est outrée par l'absence de promesses concrètes pour lui venir en aide, tandis que les secteurs de l'automobile et de l'aéronautique se réjouissent des nouveaux investissements de 400 millions de dollars prévus sur quatre ans. Les PME, de leur côté, voient peu de nouveau dans les annonces faites hier.

Les conservateurs ont ciblé deux secteurs névralgiques à l'économie du Canada central. S'ils sont élus, ils promettent d'augmenter de 200 millions (50 millions par année) le budget de l'Initiative stratégique pour l'aérospatiale et la défense, et d'investir autant dans le Fonds d'innovation pour le secteur de l'automobile. Une promesse reçue avec enthousiasme au Québec et en Ontario.

«Quand on reçoit des investissements de 200 millions dans notre industrie, tout ce qu'on peut dire, c'est merci, a indiqué à La Presse Affaires Gerry Fedchun, président de l'Association des fabricants de pièces d'automobile. Nous sommes heureux.»

Même son de cloche chez Claude Lajeunesse, président de l'Association des industries aérospatiales du Canada, dont plusieurs membres sont regroupés dans la région montréalaise.

«Ça répond à une attente de l'industrie, a-t-il dit. Deux cents millions de dollars sur quatre ans, c'est une excellente nouvelle. C'est important pour que nos compagnies puissent être compétitives à l'échelle internationale.»

Dans leur plateforme, les conservateurs promettent aussi de réduire les droits de douane sur la machinerie importée. Une mesure de 345 millions sur quatre ans destinée à favoriser les gains en productivité chez les manufacturiers canadiens, qui vivent des jours sombres.

Et la forêt?

Si les industries de l'auto et de l'aérospatiale applaudissent les promesses conservatrices, celle de la foresterie, en pleine décroissance, se sent mise de côté dans la présente campagne électorale.

«Tout le monde reconnaît qu'il y a une crise mais personne ne fait rien pour la corriger, c'est aussi simple que ça, a dénoncé Guy Chevrette, président du Conseil de l'industrie forestière du Québec. Après 30 000 emplois perdus en deux ans, où sont les recettes pour s'en sortir?»

Selon Gaétan Ménard, secrétaire-trésorier du Syndicat des communications, de l'énergie et du papier du Canada (SCEP), Stephen Harper et ses ministres ont laissé tomber l'industrie forestière. Le syndicat a publié hier les résultats d'un sondage Nanos Research, qui affirme que 60% des Canadiens sont en accord avec une aide gouvernementale pour prévenir la fermeture de nouvelles entreprises du secteur.

«On a encore une belle démonstration que quand M. Harper dit qu'il écoute le vrai monde, c'est de la bullshit! a lancé M. Ménard. Son plan, car il en a un, c'est de continuer son laisser-faire comme il l'a fait depuis le début.»

Du côté des petites et moyennes entreprises, on a noté peu de faits marquants dans la plate-forme conservatrice dévoilée hier.

Le maintien d'un budget équilibré et le remboursement de la dette publique plaisent aux PME, mais l'annonce la plus importante pour elles est venue il y a deux semaines, a dit Catherine Swift, présidente de la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante. Selon elle, l'augmentation de 400 000$ à 500 000$ du revenu admissible au taux d'imposition fédéral réduit «va être significative pour les PME» si les conservateurs sont élus.

Certaines promesses du chef libéral Stéphane Dion sont par ailleurs «alléchantes» pour les PME, a ajouté Mme Swift. Par exemple la réduction des impôts des entreprises et l'accroissement des dépenses en infrastructures.

L'Initiative stratégique pour l'aérospatiale et la défense et le Fonds d'innovation pour le secteur de l'automobile, dotés respectivement de 900 millions et 250 millions, ont été créés par le gouvernement sortant pendant son dernier mandat. Les conservateurs promettent de bonifier de 200 millions chacun de ces programmes, en structurant leur soutien «afin de s'assurer que les investissements des contribuables sont remboursés», a indiqué le parti dans un communiqué.