Les économistes des cinq grandes banques canadiennes s'attendent à ce que l'économie du pays ne croisse pas du tout à court terme ou qu'elle n'augmente que très légèrement, et ils préviennent que la présente morosité économique se transformera en quelque chose de pire qu'une récession.

Les économistes des cinq grandes banques canadiennes s'attendent à ce que l'économie du pays ne croisse pas du tout à court terme ou qu'elle n'augmente que très légèrement, et ils préviennent que la présente morosité économique se transformera en quelque chose de pire qu'une récession.

Le mot «récession» ne serait pas adéquat pour décrire les problèmes structurels profonds qui affectent l'économie mondiale, du secteur de l'habitation aux États-Unis à l'industrie canadienne du pétrole, a affirmé lundi l'économiste principal de la Banque Scotia, Warren Jestin.

«Il faudrait inventer un nouveau mot pour décrire la situation dans laquelle nous nous trouvons actuellement», a-t-il déclaré à la suite d'une rencontre organisée par le Club économique de Toronto au cours de laquelle les banques ont fait part de leurs perspectives.

«C'est parti des marchés financiers pour aller contaminer l'économie réelle», a ajouté M. Jestin, selon qui la situation laisse croire qu'il s'agit d'un phénomène entièrement différent de ce à quoi nous pouvons nous attendre d'une récession typique.

Dans leurs plus récentes prévisions économiques, les spécialistes de la Banque Scotia prédisent une récession pour les États-Unis et le Canada, de même que des glissades économiques qui exigeront des banques centrales des deux pays qu'elles réduisent leurs taux d'intérêt d'au moins un point de pourcentage.

Tous s'accordent à dire que la diminution des prix des matières premières n'annonce rien de bon pour l'économie canadienne, qui dépend fortement de la production et de l'exportation de pétrole et de gaz naturel, de métaux et de minéraux.

De fortes baisses des prix du pétrole et des métaux ont durement touché la Bourse de Toronto, déjà chancelante. Lundi, le parquet torontois a dégringolé de 1200 points avant de se redresser et de clôturer en baisse d'un peu moins de 600 points, alors que le cours du baril de pétrole chutait sous la barre des 90 $ US.

Doug Porter, de la Banque de Montréal, a estimé que les prix continueront de baisser au cours de l'année, entraînant tout particulièrement dans leur chute l'économie auparavant florissante de l'Ouest canadien.

M. Porter s'est par ailleurs dit d'avis que la direction que prendra l'économie canadienne dépendra du comportement du secteur financier aux États-Unis. Selon lui, si l'instabilité actuelle ne s'estompe pas, le repli sera beaucoup plus sérieux que la légère récession dont la plupart des économistes parlent en ce moment.

«Nous allons voir l'Ouest canadien redescendre avec fracas au même niveau que le reste d'entre nous, particulièrement si les cours des matières premières continuent de chuter comme ils l'ont fait ces trois derniers mois», a opiné M. Porter.

Cette attitude de prudence est aussi adoptée par l'économiste Don Drummond, de la Banque TD, qui ne prévoit aucune croissance de l'économie canadienne d'ici la fin de 2009, ajoutant qu'il ne s'agira seulement alors que d'une reprise graduelle.